Dans la tête de P-F BERTRAND

LA BALANCE, L'ANOREXIQUE, SA BELLE-SOEUR ET SON FRÈRE

 

A LA CIME DE L’ANIMATION FRANCAISE

Au début de mon activité de scénariste, j’ai eu l’opportunité d’œuvrer pour des séries d’animation, tel "Monsieur Bonhomme", "Petit Potam", "La Planète de Donkey Kong", (avec bonheur!) et aussi "L’Odyssée", "Drôles de Petites Bêtes" (souvenirs plus douloureux…).
Chaque année, je suis donc invité au Cinéma des Cinéastes à "La France s’anime", manifestation réunissant les professionnels de l’animation où, à travers une projection d’une heure trente, on découvre un panorama complet de l’année de l’animation française. On y voit essentiellement des extraits de pilotes ou d’épisodes de série ainsi que de courts et longs-métrages. Chaque extrait durant 2/3 minutes, c’est of course un peu court et parfois frustrant mais ça suffit largement pour se faire un ressenti…
Hier soir, j’ai donc plongé avec délices dans cet étourdissant feu d’artifice et j’ai le plaisir de vous faire découvrir mon incontestable coup de cœur, un petit joyau intitulé : "LES ZARBS", série déjà achetée par Canal +. Réalisé par Romain Ségaud, j’espère que ces arbres ados trop mignons vous brancheront aussi…

LE SYMBOLE : TOUT ABUS EST DANGEREUX...

 

UN MARI SERVIABLE ET AIMANT

J e n’aime pas trop les blagues… Ca peut sembler paradoxal mais en fait, non. En tant que scénariste spécialisé dans l’humour, la blague me fait peur. S’auto proclamant drôle, la blague est donc - par essence -   prétentieuse… J’en suis jaloux. Moi qui rame toute la journée pour tâcher d’arracher un sourire, la blague me renvoie peut-être à mon manque de talent, voire à ma médiocrité ! :)
Pourtant, en surfant sur la toile, je suis tombé dans les mailles de cette blague et elle a fait mouche :

Une femme nue se regarde debout devant la glace.
Elle dit à son époux : Je me trouve horrible à regarder, grasse et ridée... J'ai besoin d'un compliment…
Son mari lui répond :Tu as une bonne vue.

MAÏTÉ REVIENS, ILS SONT DEVENUS FOUS !

J’adore le son. J’adore les sons. Je crois que je préfère le son à l’image. Bien sûr, ce qu’il y a de magnifique au cinéma, c’est le subtil mariage des deux, je dirais même l’accouplement… L’image, ce serait plutôt l’homme alors que le son, lui, est résolument féminin. Je m’étais fait cette réflexion en plein tournage d’un film sur pellicule que je réalisais au début des années 90. L’équipe image, comme sur tous les tournages, occupait presque tout l’espace et nécessitait beaucoup de temps : pour faire de l’image, il faut au minimum un camion de lumière, de la machinerie, une équipe image conséquente (chef opérateur, premier assistant opérateur, deuxième assistant opérateur, électriciens, machinistes…). De même faire une image soignée nécessite beaucoup de temps. A côte de ça, vous avez l’équipe son composée seulement d’une, maximum deux personnes ! On peut ainsi observer sur chaque tournage, l’ingé. son ou son assistant qui, avec un maximum de discrétion, s’en ira placer sa perche ou ses micros-cravates en quelques secondes. Car  l’équipe son, tout en modestie et en légèreté, sait bien que la plupart du temps, elle ne compte pas vraiment, le réalisateur faisant la plupart du temps la part belle uniquement au Dieu Image*…
Mais quelques semaines plus tard, au mixage, le son/femme prendra une éclatante revanche. Alors que l’image/homme sera cette fois «  bêtement » figée, on pourra peaufiner tout à loisir la bande son à l’aide d’ambiances, de bruitages, d’effets subtils et ensorcelants. Il s’agira d’une véritable écriture de la bande son, ce que l’on appelle le « sound design », pour moi la partie la plus enthousiasmante de la réalisation d’un film : si vous me faites entrer dans une sonothèque avec un film à sonoriser, il sera très difficile de m’en faire sortir ! Quoi de plus jouissif que de partir à la chasse au son… Ce peut-être un son très banal, par exemple une ambiance ville nuit. Oui mais il y en a des milliers et il faudra trouver la meilleure, la seule adéquate pour le plan en question. Et ainsi de suite pour les dizaines de sons du film…
 
Quand je pense que je vous raconte tout ça à cause d’un moulin à poivre…

Ben oui, samedi, je ne savais pas encore pourquoi, je me suis levé avec l’envie irrépressible d’acquérir un moulin à poivre! Jusqu’à présent, on utilise à la maison du poivre déjà moulu et ça me chagrinait un peu. (Je sens que ça vous passionne ce que je vous raconte là, mais courage, on est quasiment au bout du post.) Bref, bien décidé à mener à bien mon projet poivré, je me plante au rayon ustensiles de cuisine de mon Monoprix préféré, prêt à saisir l’objet de mes rêves : qu’elle ne fût pas ma stupeur de découvrir que le dit-moulin est désormais… électrique ! Je reste pétrifié, faisant ainsi face de longues secondes au moulin et à ses voisins le presse-agrumes et la râpe à fromage, à la fois désespéré et en colère. (Là, je parle de moi, le presse-agrumes et la râpe à fromage semblaient aller très bien, merci.)

Je réalise à cet instant que ce moulin, si je le désire tant, c’est moins pour voir les petits morceaux de poivre fraîchement concassés tomber dans mon saladier que pour son bruit si spécial, bien sûr ! Le moulin à poivre fait-il « Chcroutch Chroutch » ou bien plutôt « Chruite Chruite », peu importe, l’essentiel est qu’il résonne à vos oreilles et que son son (fallait que je la fasse !) si mélodieux et caractéristique propulse votre imaginaire quelque part, peut-être dans la cuisine de votre grand mère, cuisinière émérite, ou vers le souvenir d’une splendide entrecôte lors d’un barbecue dominical… Et voilà que le soit disant « progrès » nous échange ce bonheur sublime contre un son électrique ! Et pour quelle raison ?! Est-ce trop fatigant pour notre auguste poignet de donner trois petits tours de moulin à poivre ?!
Chère Maïté, je vous en prie, faites quelque chose…

Allez, pour le plaisir ! : Téléchargement Poivre

* : A contrario, Alain Resnais, lui aussi passionné par le son, lorsqu’il fait son casting, pense en premier lieu au mariage des voix de ses comédiens. De même, lors de la préparation d’un film, se préoccupe-t-il, d’abord, du choix de son musicien.

PARTENAIRE PARTICULIER

" Ce qu'il y a d'appréciable avec la masturbation, c’est que votre partenaire est obligatoirement un bon coup. "

P-F

« MATELAS » : TRILOGIE IMPROBABLE MAIS RESSORTS DRAMATIQUES GARANTIS 5 ANS

" Dis moi sur quoi tu t’allonges, je te dirais qui tu es… "

DOMMAGE A ERIC ROHMER

J’en avais déjà parlé ICI mais l'unanimité est trop forte. Alors que, comme attendu, se déversent des hommages dégoulinants (même de la part du Petit Nicolas) qui confinent à la sacralisation, je voudrais ici rappeler en quelques mots ce qu’est le cinéma d’Éric :
Des scénarios souvent écrits 20 ou 30 ans avant leur tournage et qui sentent le ranci, des dialogues et des scènes interminables, des acteurs et surtout des actrices qui jouent faux, des chassés-croisés improbables et ennuyeux, des cadres approximatifs et une lumière au petit bonheur la chance, un son souvent quasi inaudible, des musiques ringardes (la musique de la boum dans Les Nuits de la Pleine Lune !) et enfin je termine par ce qui confine au sublime : des génériques dont les inscriptions parfois penchent...

Alors de ce fatras approximatif, de cette paresse inouïe et assumée, de cette nonchalance persistante, se dégage néanmoins quelque chose… Oui, c’est vrai : Au bout d’un moment, si on passe le cap des 30 minutes, on peut se laisser embarquer et voir même le film jusqu’au bout. D’ailleurs, je l’avoue, pris moi-même dans la mode «rohmerienne» ambiante des années 80, j’avais apprécié Les Nuits de la Pleine Lune, Le Rayon Vert et Pauline à la Plage. Oui mais les revoir maintenant peut s’avérer une expérience d’une drôlerie sans égale pour peu qu’on les regarde vraiment et qu’on voit comment ils sont faits…

Cher Jean-Marie Maurice Shérer, ne m’en veux pas : outre le fait d'avoir choisi un magnifique pseudonyme, tu as réalisé malgré tout une très belle carrière, comme quoi en France, il n’est pas nécessaire d’avoir du talent pour avoir des subventions. (Mais tout le monde reconnaît néanmoins ta capacité d’avoir su faire des films pour peu d’argent.) De plus, il paraît que dans la vie, tu étais un bon gars et de toute façon, franchement, qui peut penser que j’ai raison quasi seul contre tous ?!
(A moins qu'on soit un peu comme dans le magistral conte d'Andersen Les Habits Neufs de l'Empereur, dans lequel je m'octroie sans modestie aucune le rôle du petit garçon s'écriant : " Le roi est nu ! ".)

IMPARABLE RÉPLIQUE

" On dit que la vérité sort de la bouche des enfants. C’est vrai. Essayez de trouver un seul contre-argument à " Caca boudin ! ".

P-F

QUAND TF1 SE SURPASSE

Sans être un expert en métaphysique (Dieu m’en garde !), on constate dans notre monde le parfait ordre régnant au sens où une chose se produit puis une autre et enfin une troisième sans que jamais cette cohérence ne soit bouleversée : Par exemple dans une histoire ou bien dans toute action qu’elle quelle soit, vous constaterez qu’il y a toujours d’abord un début, ensuite un milieu et enfin… une fin ! De même si vous montez dans un ascenseur pour atteindre le troisième étage, vous passerez obligatoirement d’abord par le premier étage puis le deuxième avant d’atteindre votre but. Bref, partout dans l’univers, persiste un certain ordre des choses, rassurant par sa constance. Bien sûr, vous avez l’impression que je vous fais perdre votre temps à travers une constatation aussi évidente…

Oui mais voilà, il m’a été donné hier soir de vivre enfin « autre chose », une expérience presque paranormale, alors que je découvrais la nouvelle série star de TF1 « The Mentalist » qui débutait à travers les trois premiers épisodes. Heu… En fait, non ! Après l’épisode 1, la chaîne nous a donc proposé l’épisode numéro… 5, puis enfin l’épisode 7 !!! Il faut savoir que respecter l’ordre de diffusion d’une série est essentiel car même si les épisodes sont bien sûr « bouclés », il reste que les rapports entre les personnages principaux sont, eux, « feuilletonants » et donc soumis à la chronologie des épisodes.

Je me suis interrogé sur cette manière si étrange de programmer une nouvelle série puis j’ai réalisé le virage à 180 degrés que prenait TF1, et délaissant une dizaine de seconde l’activité fébrile de mes doigts sur mon clavier de scénariste, j’applaudis des deux mains cette courageuse volte-face !
Car cette nouvelle façon de diffuser est probablement bel et bien UNE RÉÉCRITURE SCÉNARISTIQUE ! TF1, tel un Tarantino des grands films ou un J-L Godard, prend la pari de la surprise, de l’audace et de l’intelligence de ses spectateurs : En refusant la chronologie, l’ordre établi, trop orthodoxes, voire ennuyeux, TF1 brandit fièrement l’étendard de l’Art ! De la part de l’autoproclamé loueur de cerveaux disponibles, diffuseur de « l’île de la tentation », « La roue de la fortune » et autres « Secret story », passerelle de tant d’artistes tels Lagaf, Cauet, Arthur et autres Bataille et Fontaine ; le pari peut surprendre. Maintenant, tout le monde sait que la chaîne n’est pas au mieux et qu’il fallait agir, c’est désormais chose faite et donc Arte n’a qu’à bien se tenir.

Bref, quelle stupeur est la mienne devant tous ces aigris qui crient au scandale, expliquant que cet incident est une n ième preuve du mépris éhonté et assumé de la chaîne pour ses téléspectateurs…

P.S. : Le mercredi suivant, TF1 a proposé les épisodes 4 puis 14 et enfin 3 !