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Posté par Pierre-François BERTRAND le 14 mars 2008 dans La vie secrète des affiches | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Dans un numéro récent du journal « 20 minutes », le directeur éditorial de la chaîne COMÉDIE explique tranquillement :
« Nous recevons une trentaine de projets par semaine et nous en validons 4 à 5 par an. »
Ce qui fait moins d’un sur 300 !!!
Bref, être auteur et/ou créateur de concept, c’est à peu près comme de jouer à l’Euro Millions !
Attention, je n’ai rien contre ce monsieur qui a bien sûr un budget à tenir, et j’imagine bien que derrière chacun de ces 1500 projets reçus annuellement par la chaîne, il n’y a pas que d’authentiques chef-d’œuvres, mais il n’empêche, quelle douleur !
Je me demande souvent si les responsables de chaîne ou de fiction mesurent bien l’incroyable pouvoir qui est le leur ?! Savent-ils que derrière tous ces dossiers qui s’amoncèlent sur leur bureau puis dans leur poubelle immense container sur lesquels bien souvent, ils n’ont pas même jeté un regard, se cachent pourtant combien d’attentes, d’espoirs, d’ambitions, de revanches à prendre, de rêves merveilleux, de désirs fous ?! Combien de nuits beiges ou blanches, de clopes, de chichons, de caféine, de vodka ou de rien du tout ?! Combien d’heures d’angoisse face au néant, face au cerveau absolument vide avant l’orgasme, souvent tardif, de l’idée (géniale ou consternante) qui enfin jaillit, au moment où justement on ne l’attend plus, sous la douche ou en versant des coquillettes ?! Et aussi combien de photocopies réalisées fébrilement et en douce, pendant que le boss de la copine ou de la soeur est parti déjeuner ?! Combien de couvertures faites et refaites 1000 fois ?! Combien de «Cette fois, ça va le faire», «Je crois que je tiens un bon truc», «L’important c’est d’y croire», «C’est pile poil ce qu’il leur faut», «On va faire un carton», «Le meilleur concept que j’ai jamais pondu», «C’est vraiment de la balle», «C’est tellement mieux que tout ce qui passe à la télé», «T’imagines si ça leur plaît», «Moi, j’y crois à fond», etc…
Enfin, le fameux mal de ventre, telle une gastro, qui vous saisit au moment d’appeler pour avoir la réponse, qu’on sait déjà au fond de soi négative ; même angoisse en décachetant la missive tant attendue que l’on devine, au regard de la minceur de l’enveloppe, assassine… Où l’on réalise brutalement que tout ceci n’était qu’une chimère, à laquelle il fallait pourtant bien croire pour déjà être capable d’aller au bout de l’écriture du projet.
« Une chance sur 300 », on vous avait dit !
Cela me fait penser au personnage de VATEL dans le film du même nom (Roland JOFFÉ / 2000), qui écrit, juste avant qu’il ne se suicide : « Je croyais que j’étais un artiste et je viens de réaliser que je n’étais qu’un esclave ! »
Heureusement, cette époque est presque révolue. Internet œuvre à briser ces positions dominantes, souvent arbitraires et destructrices, ces interfaces broyeuses de talents qui existent entre les artistes, les auteurs et le public.
Le pouvoir des créateurs, quelle que soit leur discipline - je pense par exemple à ces peintres qui, grâce au web, exposent et vendent leurs toiles dans le monde entier - sera désormais de plus en plus entre leurs mains : quelle merveilleuse nouvelle ! (Oui, je sais bien que c'est pas très nouveau : je fais ce que je peux pour tenter de terminer ce post !!!) :(
Alors finalement, au lieu de hurler, si je poussais plutôt un cri de joie ?!
Posté par Pierre-François BERTRAND le 13 mars 2008 dans C'est ma vie, après tout ! | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Posté par Pierre-François BERTRAND le 06 mars 2008 dans Petites phrases dans ma tête | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Plusieurs fois est coutume, je commencerai ce post par un peu d’autosatisfaction !
Puisque vous êtes fan de ce blog - on peut toujours rêver - aucun d’entre vous n’a oublié mes
«merveilleux» posts JE ME TROMPE SI J'VEUX et JE ME TROMPE SI J'VEUX (2) dans lesquels je donnais, en exclusivité mondiale, la clé pour réaliser un véritable succès cinématographique, c’est à dire en choisissant - très soigneusement - le titre du film.
Et bien je constate que Dany BOON et les responsables de PATHÉ DISTRIBUTION, visiblement fervents lecteurs de ce blog, n’ont pas hésité à appliquer - à la lettre - ma recette ! Car comme vous lisez ce blog, on peut aisément imaginer que vous savez lire et bien il ne vous aura pas échappé que dans le titre du film de Dany BOON, se trouve le mot « Bienvenue » : et donc quoi de plus agréable pour un spectateur que de s’entendre dire « Bienvenue » ! Bien joué, Dany ! Maintenant, j’avoue qu’un petit mail de remerciement m’aurait fait plaisir, mais bon, j’imagine que t’es occupé à compter tes liasses…
Plus sérieusement et même si ce mot sied mal à la comédie, je suis allé voir jeudi dernier à la séance de 20 heures près de la gare Saint-Lazare BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS. Public très varié, et en terme d’âge et de classe sociale. Bonne ambiance dans la salle pleine, on sent les gens heureux d’être là, comme si le bouche à oreille avait déjà démarré alors que le film est sorti à Paris seulement hier (et dans le nord depuis une semaine).
Alors maintenant, ce que vous attendez de moi, « expertillon » de la comédie c’est que je vous explique POURQUOI ce film s’annonce déjà comme un incroyable succès commercial, à l’égal du surestimé DÎNER DE CONS ou même des VISITEURS ?!
Et bien, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas du genre à me défiler alors je vais vous le dire : c’est que tout simplement, ce film est… drôle ! C’est à dire que le public rit aux éclats presque tout le long !
Donc en fait, et à l’inverse du désastreux constat d’hier, pour qu’une comédie marche et bien il suffit qu’elle soit drôle : avouez que vous n’y aviez pas pensé ! :)
Je dois dire que de mémoire de spectateur, je n’ai pas le souvenir d’entendre une salle rire autant ! Et il y a même eu quelques applaudissements sur le générique de fin ! Ensuite, une fois que vous avez bien ri, vous n’avez qu’une envie, c’est de faire partager à votre entourage votre bonheur, et voilà comment chaque spectateur se transforme en joyeux petit VRP, sincèrement déterminé à entraîner le maximum de monde voir ce film…
Alors certes, le film ne révolutionne pas le cinéma - mais là n’était pas son ambition – et est formellement déconseillé aux abonnés aux CAHIERS ou autres POSITIF.
Pourquoi le film est-il aussi réussi ?!
Il est toujours délicat de savoir pourquoi un film fonctionne, tellement tout bien sûr est imbriqué. (Scénario, mise en scène, casting, montage, etc…)
Du point de vue scénaristique, le film appartient à la catégorie des comédies dites de « hors bocal ». Comme son nom l’indique, ce type de comédie - très classique (LES VISITEURS, UN INDIEN DANS LA VILLE, CROCODILE DUNDEE) - et souvent très efficace, consiste à placer le héros dans un environnement différent du sien.
Oui mais là, à priori, nous avons là quelque chose de très peu palpitant car le pitch du film, en gros, est le suivant :
« Philippe Abrams, directeur à la Poste de Salon-de-Provence est muté à Bergues, petite ville du Nord… »
Comme quoi, une fois de plus et sorry pour ce cliché, on constate qu’il n’y a pas de mauvais sujet mais seulement des scénaristes peu talentueux.
Le premier point fort du film, toujours essentiel en terme de comédie, c’est bien sûr le rythme. Ce film ne présente, à mon sens, aucun temps mort, ce qui sur un film d’une heure quarante-six, est une véritable prouesse. (LE DÎNER DE CONS ne fait par exemple qu’une heure vingt.) Et le scénario est astucieux à plus d’un titre. Dany déjà nous surprend car à partir d’un tel pitch, on s’attend à ce qu’il exploite au maximum son sujet, soit un gars du Sud qui découvre, effaré, les us et coutumes des gens du Nord. Mais assez rapidement, l’histoire prend une autre direction, puisque en fait un autre personnage va venir bouleverser la donne, soit la femme du héros.
Ensuite, on sent de la part de Dany BOON et de ses scénaristes, un vrai désir de faire rire ! Ils y vont carrément, sans complexe, à travers des personnages secondaires parfois caricaturaux (le DRH, la belle-mère) mais comme c’est bien dialogué et que les comédiens, en confiance, y vont à fond et bien ça donne quelques scènes très réjouissantes. A l’opposé d’un DÎNER DE CONS, efficace bien sûr, mais quand même un peu étriqué, avec la peur d’en donner trop ; on sent au contraire chez les auteurs des CH’TIS, une belle générosité bien agréable pour le spectateur, du coup beaucoup plus enclin à rire, telle une variante du fameux concept « gagnant - gagnant ».
Ajoutez à cela un équilibre réussi entre rire et émotion, un peu comme dans les bonnes comédies anglaises en somme, autre département nordiste… AH ! AH ! AH ! (Désolé pour cet aparté lamentable !) ; un casting parfait avec notamment les trois employés de la poste interprétés par Philippe DUQUESNES, Guy LECLUYSE et surtout l’adorable Anne MARIVIN, véritable révélation du film ; une réalisation sobre mais toujours au service de ses acteurs, des scènes cultes (la tournée des facteurs, la surprise réservée à Madame) et enfin derrière tout ça, un petit message humaniste – A « l’étranger », ça a l’air nul, et bien c’est tout le contraire ! – qui ne fait de mal à personne et vous avez le triomphe qui pointe !…
That’s All Folks !
P.S. : Suite à mon post d’hier, je vous dois l’explication que je vous avais promis.
ASTÉRIX AU J.O. a donc incroyablement déçu le public tandis que ce dernier applaudit aux séances de BIENVENUE CHEZ LES CH’TIS : L’ultime gag est que ces deux films ont pour co-scénaristes le même duo, Franck MAGNIER et Alexandre CHARLOT, auteurs mythiques des « GUIGNOLS DE L’INFO » dans les années 90.
Alors comment est-il possible que ces deux - talentueux - scénaristes aient donc écrit quasi simultanément la pire et l’une des meilleures comédies de l’année ?!?!
Sans être dans le secret des Dieux, gageons qu’une fois on leur a fait confiance tandis que dans l’autre cas, ils se sont retrouvés pieds et poings liés sous la coupe d’un auteur - réalisateur - producteur qui, après tout, n’a qu’une tête, ce qui reste très insuffisant lorsqu'on veut porter trois casquettes…
Posté par Pierre-François BERTRAND le 05 mars 2008 dans La comédie de la semaine | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Et bien non, je n’ai pas été voir ASTERIX AUX J.O. donc ne comptez pas sur moi pour dire du mal d’un film que je n’ai pas vu !
Pourtant, tout comme quelques millions de personnes (!), j’attendai ce film avec impatience et je dois reconnaître que le premier teaser où
BRUTUS/POELVOORDE demande à son armée de se mettre en formation de « tortue » m’avait bougrement impressionné.
(N.B. : Il semble que l’adorable adverbe « bougrement » soit en perte de vitesse et j’ai donc décidé de le remettre au goût du jour.)
Bref, trois événements successifs m’ont bougrement refroidi :
D’abord, j’ai réalisé que le casting comportait une ribambelle de stars de l’humour et du sport, et que ce film devait bougrement ressembler à une émission de Michel DRUCKER où tout plein de gens connus se congratulent sur un canapé rouge sans jamais se soucier de l’ennui mortel ainsi imposé au téléspectateur. (Gageons qu’avec 78 000 000 d’Euros, probable que la production ait pu s’offrir un bougrement beau canapé !) Ensuite, au risque de faire des envieux et bien je suis l’heureux possesseur d’un forfait « ORANGE Internet + Télévision » et donc sur «Ma ligne TV», nous avions la possibilité de voir les cinq premières minutes du film : Malheureusement, je fus bougrement déçu car ce début me sembla d’une inquiétante fadeur, tant au niveau mise en scène que des « gags » :
- « Un jeune homme traverse un ruisseau en marchant sur des pierre. Un cavalier arrive en sens inverse. Le héros tombe les fesses dans l’eau. » Hum…
- « Le même jeune homme marche dans la campagne. Il pleut. Le héros court alors se réfugier dans une caverne : on entend les grognements d’un ours, le jeune homme s’enfuit car il a bougrement peur.» Heu…
- « La princesse ouvre un mince étui contenant un parchemin. Elle déplie le parchemin qui tombe par terre et se déroule indéfiniment… » (Gag vu, revu et rerevu !)
Enfin, un chiffre m’a bougrement incité à ne pas gaspiller mes 10 Euros. A propos de chiffres, c’est d’ailleurs incroyable à quel point le marketing de ce film s’est gargarisé de tous ces chiffres record :
- 78 000 000 € : budget record pour un film français.
- 6000 : le nombre de salles en Europe où le film sort.
- 1074 : record du nombre d'écrans pour une sortie en France, encore plus que HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS !
- 22 000 000 € : le budget promotionnel (hors budget de production).
- 300 000 000 : le nombre de spectateurs potentiels en Europe.
- 1600 : le nombre de plans truqués que compte le film (200 techniciens y ont travaillé pendant dix-huit mois).
Tous ces chiffres sont peut-être extraordinaires mais le problème c’est que personnellement, un chiffre ne m’a jamais fait rêvé, ne m’a jamais ému, ne m’a jamais transporté de bonheur* ! Un chiffre, ça ne fait pas un film, ce n’est pas du cinéma, encore moins de l’art !
Et bien, ironie de la situation, c’est pourtant sur un autre chiffre vertigineux d’ASTERIX AUX JEUX OLYMPIQUES sur lequel je souhaite bougrement attirer votre attention aujourd’hui :
Sur le site d’ALLOCINÉ, rubrique « Critiques spectateurs », ce film a bougrement dépassé la barre mythique des 1000 critiques avec la note la plus basse ! (Aujourd’hui le 4 mars, il totalise 1126 « zéro étoiles » sur un ensemble de 2470 notations.)
Alors on voulait nous abreuver de chiffres faramineux, et bien en tant que grand observateur de la communauté d’ALLOCINÉ, je peux vous certifier que celui-ci est tout bonnement explosif, je veux dire bougrement explosif ! (Juste à titre de comparaison, ENFIN VEUVE, la comédie d’Isabelle MERGAULT qui a plutôt déçu son public, pourtant venu en masse découvrir le film, n’a récolté à ce jour « que » 63 « zéro étoiles » pour un total de 451 critiques.)
Et les mots qui accompagnent les spectateurs d’ASTÉRIX AUX J.O. sont toujours les mêmes :
« immense déception », « pathétique », « navet », « catastrophique », « Idéfix est le seul qui joue bien », « honteux », « vraiment nul », « ennuyeux », « complètement raté », « la daube de l’année », « platitude déconcertante », « nous a pris pour des c… », « affligeant », « fuyez ! », etc…
Derrière cette litanie, on sent très nettement pas seulement de la déception mais bien de la colère, l’impression bougrement désagréable de s’être fait avoir… Et ça c’est grave, très grave même ! Car un producteur, un réalisateur, un scénariste, une équipe, peuvent bien sûr rater un film. On peut aussi, en tant que spectateur être - légitimement ou pas - déçu par une œuvre.
Mais ce sentiment de s’être fait avoir est bien sûr bougrement préjudiciable pour le film lui-même, mais aussi pour l’industrie cinématographique toute entière ! Beaucoup de gens ne se rendent que très rarement au cinéma et ce type d’expériences - bougrement désagréables - ne va pas les inciter à se montrer moins casaniers. On a souvent présenté ce film comme une machine de guerre : on n'imaginait pas que son projet était de tuer l'envie des spectateurs de se rendre dans les salles !
Comme il y a – parfois mais c’est rare – une justice, après un démarrage honorable, le nombre des entrées du film a bougrement chuté et il devrait finir sa carrière entre 7 et 8 millions d’entrées en France ; soit presque la moitié réalisée par l’opus réussi d’Alain CHABAT, ASTERIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE.
Alors un tel gâchis est-il dû par exemple au manque de talent des scénaristes ?! Et bien non…
J’en possède d’ailleurs la plus authentique preuve mais il vous faudra patienter jusqu’à demain pour la connaître car c’est bougrement intéressant !…
Alors à demain.
P-F
* Je tiens à apporter un petit bémol : exceptées le longueur des jambes de Julia ROBERTS et le tour de poitrine de Scarlett JOHANSSON.
Posté par Pierre-François BERTRAND le 04 mars 2008 dans Ceci est tout sauf une critique de film... | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)