Et bien non, je n’ai pas été voir ASTERIX AUX J.O. donc ne comptez pas sur moi pour dire du mal d’un film que je n’ai pas vu !
Pourtant, tout comme quelques millions de personnes (!), j’attendai ce film avec impatience et je dois reconnaître que le premier teaser où
BRUTUS/POELVOORDE demande à son armée de se mettre en formation de « tortue » m’avait bougrement impressionné.
(N.B. : Il semble que l’adorable adverbe « bougrement » soit en perte de vitesse et j’ai donc décidé de le remettre au goût du jour.)
Bref, trois événements successifs m’ont bougrement refroidi :
D’abord, j’ai réalisé que le casting comportait une ribambelle de stars de l’humour et du sport, et que ce film devait bougrement ressembler à une émission de Michel DRUCKER où tout plein de gens connus se congratulent sur un canapé rouge sans jamais se soucier de l’ennui mortel ainsi imposé au téléspectateur. (Gageons qu’avec 78 000 000 d’Euros, probable que la production ait pu s’offrir un bougrement beau canapé !) Ensuite, au risque de faire des envieux et bien je suis l’heureux possesseur d’un forfait « ORANGE Internet + Télévision » et donc sur «Ma ligne TV», nous avions la possibilité de voir les cinq premières minutes du film : Malheureusement, je fus bougrement déçu car ce début me sembla d’une inquiétante fadeur, tant au niveau mise en scène que des « gags » :
- « Un jeune homme traverse un ruisseau en marchant sur des pierre. Un cavalier arrive en sens inverse. Le héros tombe les fesses dans l’eau. » Hum…
- « Le même jeune homme marche dans la campagne. Il pleut. Le héros court alors se réfugier dans une caverne : on entend les grognements d’un ours, le jeune homme s’enfuit car il a bougrement peur.» Heu…
- « La princesse ouvre un mince étui contenant un parchemin. Elle déplie le parchemin qui tombe par terre et se déroule indéfiniment… » (Gag vu, revu et rerevu !)
Enfin, un chiffre m’a bougrement incité à ne pas gaspiller mes 10 Euros. A propos de chiffres, c’est d’ailleurs incroyable à quel point le marketing de ce film s’est gargarisé de tous ces chiffres record :
- 78 000 000 € : budget record pour un film français.
- 6000 : le nombre de salles en Europe où le film sort.
- 1074 : record du nombre d'écrans pour une sortie en France, encore plus que HARRY POTTER ET LA CHAMBRE DES SECRETS !
- 22 000 000 € : le budget promotionnel (hors budget de production).
- 300 000 000 : le nombre de spectateurs potentiels en Europe.
- 1600 : le nombre de plans truqués que compte le film (200 techniciens y ont travaillé pendant dix-huit mois).
Tous ces chiffres sont peut-être extraordinaires mais le problème c’est que personnellement, un chiffre ne m’a jamais fait rêvé, ne m’a jamais ému, ne m’a jamais transporté de bonheur* ! Un chiffre, ça ne fait pas un film, ce n’est pas du cinéma, encore moins de l’art !
Et bien, ironie de la situation, c’est pourtant sur un autre chiffre vertigineux d’ASTERIX AUX JEUX OLYMPIQUES sur lequel je souhaite bougrement attirer votre attention aujourd’hui :
Sur le site d’ALLOCINÉ, rubrique « Critiques spectateurs », ce film a bougrement dépassé la barre mythique des 1000 critiques avec la note la plus basse ! (Aujourd’hui le 4 mars, il totalise 1126 « zéro étoiles » sur un ensemble de 2470 notations.)
Alors on voulait nous abreuver de chiffres faramineux, et bien en tant que grand observateur de la communauté d’ALLOCINÉ, je peux vous certifier que celui-ci est tout bonnement explosif, je veux dire bougrement explosif ! (Juste à titre de comparaison, ENFIN VEUVE, la comédie d’Isabelle MERGAULT qui a plutôt déçu son public, pourtant venu en masse découvrir le film, n’a récolté à ce jour « que » 63 « zéro étoiles » pour un total de 451 critiques.)
Et les mots qui accompagnent les spectateurs d’ASTÉRIX AUX J.O. sont toujours les mêmes :
« immense déception », « pathétique », « navet », « catastrophique », « Idéfix est le seul qui joue bien », « honteux », « vraiment nul », « ennuyeux », « complètement raté », « la daube de l’année », « platitude déconcertante », « nous a pris pour des c… », « affligeant », « fuyez ! », etc…
Derrière cette litanie, on sent très nettement pas seulement de la déception mais bien de la colère, l’impression bougrement désagréable de s’être fait avoir… Et ça c’est grave, très grave même ! Car un producteur, un réalisateur, un scénariste, une équipe, peuvent bien sûr rater un film. On peut aussi, en tant que spectateur être - légitimement ou pas - déçu par une œuvre.
Mais ce sentiment de s’être fait avoir est bien sûr bougrement préjudiciable pour le film lui-même, mais aussi pour l’industrie cinématographique toute entière ! Beaucoup de gens ne se rendent que très rarement au cinéma et ce type d’expériences - bougrement désagréables - ne va pas les inciter à se montrer moins casaniers. On a souvent présenté ce film comme une machine de guerre : on n'imaginait pas que son projet était de tuer l'envie des spectateurs de se rendre dans les salles !
Comme il y a – parfois mais c’est rare – une justice, après un démarrage honorable, le nombre des entrées du film a bougrement chuté et il devrait finir sa carrière entre 7 et 8 millions d’entrées en France ; soit presque la moitié réalisée par l’opus réussi d’Alain CHABAT, ASTERIX ET OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE.
Alors un tel gâchis est-il dû par exemple au manque de talent des scénaristes ?! Et bien non…
J’en possède d’ailleurs la plus authentique preuve mais il vous faudra patienter jusqu’à demain pour la connaître car c’est bougrement intéressant !…
Alors à demain.
P-F
* Je tiens à apporter un petit bémol : exceptées le longueur des jambes de Julia ROBERTS et le tour de poitrine de Scarlett JOHANSSON.
Bravo pour ce commentaire que je partage. Mais PF dis nous, où sont donc passé les scénaristes français, se sont-ils noyés dans le désespoir, ou l'alcool ?
Je relève que je ne suis pas le seul à utiliser les statistiques d'Allociné comme indicateur d'intérêt global pour un film. La proportion des "j'aime/j'aime pas" est toujours significative, il faut juste attendre quelques jours pour profiter de l'écrémage ... et découvrir de vraies pépites !
Rédigé par : Olivier | 04 mars 2008 à 14:39
Merci Nicolas pour ton commentaire positif ! Tu te demandes où sont passés les scénaristes français ?! C'est dommage que les producteurs français, eux, les cherchent si peu, obnubilés qu'il sont par le sacro saint auteur-réalisateur...
Quant à ALLOCINÉ, c'est vrai que, comme toi, je me fie beaucoup aux critiques des spectateurs avec quand-même parfois de fantastiques "plantades" : je me rappelle notamment de Million dollar baby, que j'ai trouvé, absolument seul contre tous, totalment nul !...
Rédigé par : P-F BERTRAND | 05 mars 2008 à 21:43