Puisque c’est today mon anniversaire, un tout petit peu à la demande générale mais beaucoup parce que ça me transporte de joie : j’ai décidé de vous livrer le premier volet de mon autobiographie, globalement assez mouvementée…
Mais commençons par le commencement, c’est à dire précisément par le début :
« Je suis né et c’est tant mieux ! Mon père était chercheur d’or en Alaska, tandis que ma mère officiait en tant que femme de ménage - française - à Lisbonne. A l’époque, en France, toutes les femmes de ménage étant portugaises, ma mère avait astucieusement pensé qu’il devait y avoir au Portugal une offre pléthorique quant à son savoir-faire et elle avait raison…
Mais mon arrivée allait bouleverser ce bel ordonnancement. Ma mère, accroc au Cif ammoniacal et au fer à repasser Calor n’envisageait pas d’arrêter de travailler et elle demanda logiquement à mon père de venir chercher de l’or au Portugal.
Dans un premier temps, il n’y vit pas d’inconvénient jusqu’au moment où il s’aperçut qu’il venait tout juste de commander à l’imprimeur 500 cartes de visite : « Conrad BERTRAND - Chercheur d’Or en ALASKA ».
Trop tard, donc ! Mon père proposa à ma mère de venir faire le ménage en Alaska mais lorsqu’elle débarqua, son flacon de Cif à la main, tout lui paru tellement immaculé, qu’elle se sentit franchement inutile, nous fit une grosse déprime et finit par repartir à Lisbonne en patinette…
Mes parents divorcèrent par consentement mutuel et décidèrent – logiquement - de me confier à mon père, estimant qu’auprès de ma mère, un accident domestique pouvait toujours arriver, sans parler du fait que les étés à Lisbonne sont quand même assez chauds.
Mon père ne prit pas conscience tout de suite de la difficulté de concilier sa vie de chercheur d’or avec la garde d’un bébé de trois mois… Au début tout se passa bien : après avoir envisagé de me faire garder par un couple de louves lesbiennes - finalement hors de prix - mon père me confia à un gentil couple de Grizzly qui ne pouvait pas avoir d’enfants. Au début tout se passa formidablement bien, mises à part les griffures sur mes fesses, dont je garde encore aujourd’hui la trace, mais essayez donc de changer une couche avec au bout des doigts des griffes de cinq centimètres et vous verrez ! Mais mon père se douta de quelque chose lorsque le couple se mit à refuser peu à peu les fameux C.E.S.U (Chèques Emploi Service Universel), déjà très en vogue à l’époque en Alaska.
Au bout de quelques mois, l’affection des Grizzly pour l’adorable bébé que j’étais se fit un peu plus intense encore… Et il n’était pas rare que mon père doive négocier ferme pour pouvoir enfin, le soir venu, récupérer son fils. Le ton monta. Le couple de Grizzly, d’après le rapport de l’assistante sociale du coin, ne voulait plus me laisser partir et se mettait dans des rages folles lorsque désormais, mon père s’approchait de la tanière. J’ai oublié de vous préciser que mes deux nounous faisaient, à eux d’eux, près de 700 kg de colère…
Même si je leur étais donc très attaché, mon père ne vit pas d’autre solution que de leur mettre à chacun une cartouche de fusil entre les deux yeux. Toujours inventif, il me fabriqua, avec la peau de la femelle, un tapis d’éveil dont je profitai grandement.
Côté boulot, Mon père commençait un peu à craquer. D’une part, à l’époque, les chercheurs d’or - donc travailleurs indépendants – n’avaient toujours pas droit aux RTT et surtout, cela faisait sept ans qu’il cherchait de l’or sans la moindre once de succès (et réciproquement !). A ce jour, il avait simplement déniché un bouchon à vis métallique de «Perrier» et aussi une dent en or, ayant peut-être appartenu à Eric ROHMER : Il était donc en négo pour la revendre aux « Cahiers du Cinéma » mais c’était pas gagné !
Mon père se découragea tout à fait car un jour, il entendit la charcutière dire à l'une de ses clientes qu’« en Alaska, il n’y a quasiment que de la glace !». Mon père réalisa à quel point la remarque d’Ursula – la charcutière s’appelait ainsi – était pertinente. Et il se dit qu’il avait peut-être fait une erreur en choisissant l’Alaska : l’idéal, pour trouver de l’or, n’est-il pas de choisir une contrée où il n’y a quasiment… que de l’or ?! »
( A SUIVRE…)
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