C’est pour vous et uniquement pour vous, cher(e) ami(e) lecteur(se) que je me suis posté hier soir à 20H45 précises devant TF1. En effet, je m’étais promis de scruter, de disséquer, d’expliciter, bref de faire le beau donner le meilleur de moi-même à propos de l’incroyable (paraît-il !) naufrage d’Astérix aux Jeux Olympiques qui avait suscité à sa sortie en janvier 2008 une puissante polémique : à la fois production française plus chère de tout les temps + film très très très attendu + immense majorité des spectateurs passablement déçus et même énervés au sortir de la projection ! Raison pour laquelle j’étais si motivé de vous livrer une analyse aux petits oignons et je m’installai donc sur mon (trop !) confortable canapé, armé d’un bloc-notes et de mon stylo favori…
J’avais bien sûr un peu peur de perdre mon temps car est-il intéressant de voir (et de commenter) des mauvais films !? En même temps, m’interdisant absolument de juger un film sans l’avoir vu, il me fallait bien juger sur pièce ce « monument » de la comédie française…
Au bout de quelques minutes à peine, je posai mon bloc et mon stylo pour ne plus y toucher : le problème était gros comme la bedaine d’Obélix et il était inutile de chercher plus avant. Et pourtant à partir de deux merveilleux personnages créés par l’immense Goscinny, ajouter à cela l’un des albums parmi les plus spectaculaires et les plus visuels, plus un casting impressionnant et enfin près de 78 millions d’Euros : voilà de quoi se faire un beau petit film, pas vrai ?! Alors pourquoi ne parvient-on pas jamais à rentrer dans l’histoire, à s’intéresser à ce qui se passe ?! C’est tout simple, il manque juste une chose : un film…
Aussi incroyable que ça puisse paraître, les deux auteurs semblent avoir oublié ce que c’était : leurs choix artistiques malencontreux - je parle essentiellement des décors, de la direction artistique, de toute la partie visuelle du film - fait qu’on a l’impression de regarder une B.D. alors qu’on était venu voir un film : ces deux arts fonctionnant sur des valeurs et des niveaux bien différents, voire opposés, c’est la catastrophe ! Par exemple, dans Astérix : Mission Cléopâtre, on avait véritablement l’impression d’être en Égypte, et outre un scénario brillant et bourré de clins d’oeils, la mise en scène et la qualité des décors nous incitaient à rester dans l’histoire, à suivre le déroulement du récit, à vibrer… Là, non. Et que dire des effets spéciaux : A mon avis, l’équipe travaillait à mi-temps, ce n’est pas possible ! Ainsi, lorsque la caméra survole Athènes à la veille de l’ouverture des J.O. et bien il n’y a pas âme qui vive : pas même un chien errant. Comme si une catastrophe nucléaire s’était abattu sur la cité !
Et que dire de ce stade olympique, tellement riquiqui que c’en est une honte ! Bref, tout semble tellement artificiel, que du coup, rien ne nous intéresse… Pour le reste, une fois de plus j’ai trouvé l’ami Ben Poelvoorde tout à fait convaincant, idem F. Dubosc dont le jeu lourdingue correspond idéalement à Assurancetourix. Delon s’auto-parodiant en Jules César, ça le fait, sauf qu’au bout de la dixième fois où il dit « Avé moi ! » on ne rit plus, on pleure… A côté de ça, le couple Astérix/Obélix (Cornillac/Depardieu) ne fonctionne pas trop. Clovis a beau se tenir penché, Astérix ne peut pas mesurer 1m76 (!), et dans le cas d’un duo aussi disproportionné, et bien ça compte beaucoup ! Quant à notre Gégé national, il n’a plus l’âge du rôle et ses petite épaules - presque maigrichonnes - font peine à voir. J’ai aussi noté un Panoramix complètement raté : encore une fois, ce n’est pas l’acteur lui-même qui est montré du doigt, mais la direction artistique défaillante…
Enfin, je ne peux terminer ce post sans vous parler scénario et vous narrer une scène sortie de je ne sais quel cerveau déficient : Le jeune Alafolix est amoureux de la princesse Irina et en bas du balcon de la belle, lui clame quelques voluptueux mots d’amour par l’intermédiaire d’Obélix, qui les lui souffle, dissimulé derrière un buisson. Bref, référence à Cyrano : ce n’est pas spécialemet drôle mais pourquoi pas… Ca se corse un peu plus tard lorsque le chien d’Obélix, Idéfix, tombe amoureux de la chienne d’Irina. Désireux, lui aussi, d’éblouir l’élue de son cœur, postée au balcon, Idéfix lui aboie quelques merveilleux mots d’amour. Et qui se retrouve à nouveau dans un buisson, en train de lui « aboyer » son texte : Toujours Obélix… (Mon Cher Gérard, je sais bien que tu as beaucoup d’impôts, que tu as une vigne à entretenir, mais là, c’est une question de dignité : aucun acteur ne peut se résoudre à jouer une scène d’une telle stupidité, et surtout pas toi…)
Se remettre du choc d’une telle scène n’est pas chose aisée et pour tout dire, je n’ai pas réussi. Car je dois vous avouer qu’après une petite heure de ce douloureux spectacle sans potion magique aucune, mes yeux, morts d’ennui, ont lâché prise et j’ai alors entamé précocement un gros dodo…