Résumé de la première partie : L’arbitre du fameux match du 18 novembre dernier France - Irlande nous raconte, de l’intérieur, sa soirée…
3. INT. VESTIAIRE DES ARBITRES – STADE DE FRANCE – NUIT (Mercredi 18 Novembre 2009 – 21h53)
C’est la mi-temps. Je profite de la pause pour boire un Coca Light trop frais mais tant pis ! Dans leur coin, Stefan profite de la pause pour montrer à Fredrik son nouveau string. Je suis satisfait de notre première mi-temps : l’été prochain, A NOUS LA COUPE DU MONDE SUD-AFRICAINE !
4. EXT. PELOUSE – STADE DE FRANCE – NUIT (Mercredi 18 Novembre 2009 – 22h44)
Le temps passe et si ça continue, on est partis pour une prolongation ! Et merde ! A cause de vice champions du monde incapables d’aligner deux passes, je vais louper la correspondance pour Malmö et dire donc adieu à ma nuit avec Olga…
Stefan et Fredrik sont ravis : ils avaient eux, prévus de finir la nuit au Queen’s, et comme c’est toujours mieux d’arriver en boite le plus tard possible… Mon Olga, t’inquiète, on se rattrapera, je me suis porté volontaire auprès de la fédé pour arbitrer Malmö – Göteborg qui arrive heureusement très vite.
5. EXT. PELOUSE – STADE DE FRANCE – NUIT (Mercredi 18 Novembre 2009 – 23h05)
Plus qu’une ou deux minutes avant la fin de la première prolongation : je file un coup franc aux Français qui va être tiré par l’un des souffre - douleurs favoris du tortionnaire Domenech, F. Malouda, qui est pourtant très sympa (je l’ai arbitré plusieurs fois avec Chelsea). Mon ventre fait des bulles, c’est malin… Henry récupère le ballon dans la surface puis centre juste à côté pour Gallas. Les défenseurs irlandais - je me demande bien pourquoi - s’arrêtent de jouer. Gallas, le bien nommé dans sa belle tenue, reprend de la tête et marque à bout portant. Les Irlandais se précipitent sur moi et sur Stefan, expliquant qu’il y a main manifeste de l’attaquant français. Je sens tout de suite que leur colère est tout sauf feinte… Le souci, c’est que masqué comme je l’étais et préoccupé par les bulles de Coca qui s’agitent dans mon ventre, je n’ai rien vu. Je m’en réfère logiquement à mon juge assistant qui semble aussi embêté que moi. Mais soudain, j’aperçois dans le coin du stade, l’écran géant sur lequel est projeté au ralenti la fameuse action : c’est effrayant ! Bien sûr que Monsieur Henry a fait une main et même deux pour le prix d’une ! Ouf, je suis sauvé ! Je m’apprête à siffler faute : je sais bien qu’on n’a pas droit à l’arbitrage vidéo mais y m’ font marrer à la Fifa, j’irais bien les y voir pour couvrir pendant 90 ou 120 minutes un terrain de 120 mètres sur 75 !
Mais soudain, dans la tribune face à moi, juste au bord du terrain, une pancarte attire mon attention : « Pense à Tata Lillemor ! ». Mon frère ! Mon dermato de frère est là ! Il m’a fait la surprise et est venu au Stade France sans me le dire ! J’ai - presque - envie de pleurer… « Pense à Tata Lillemor ! ». Bien sûr que j’y pense ! Alors que joueurs, public et officiels commencent à s’impatienter autour de moi, je pense justement à notre chère Tata, à cette femme merveilleuse, à ses tartes au safran, ses meringues et ses petits pains à la cannelle, à ses baisers moelleux, à son rire si joyeux et aussi, malheureusement et surtout, à son horrible cancer de la peau qui nous l’avait si brutalement arraché… Et soudain, en une fraction de seconde, je réalise enfin le message de mon frère : Je me souviens, il y a quelques semaines, par une nuit sans sommeil dans ma chambre d’hôtel après l’arbitrage du match Elfsborg – Norrköping ; avoir zappé sur un reportage au journal télévisé de la nuit, expliquant que les bronzariums fermaient en masse en Irlande, suite à un pourcentage de roux et de rousses beaucoup trop important !
Le message de Sven devient on ne peut plus clair ! « Pense à Tata » signifie bien sûr : pense à ceux qui pourraient subir le même sort que notre chère Tata Lillemor ! Est-ce que vous imaginez, en juillet prochain, 23 pauvres Irlandais (sans compter les staff médicaux et techniques !), pratiquement tous rouquins, dont la peau laiteuse et si fragile, devra subir, du matin au soir, les perfides attaques du terrible soleil sud-africain !? Non, ce n’est pas possible, au nom de Tata (merci frérot !), je ne peux pas laisser faire un truc pareil… Sans plus hésiter, je siffle et je désigne le rond central, validant l’horrible but français. Intérieurement, je souris : est-ce que je ne viens pas de sauver d’une mort presque certaine 23 braves Irlandais qui pourront ainsi suivre la Coupe du Monde sur leur écran plasma, bien à l’abri des UVB, chacun dans leur salon…
EPILOGUE6. EXT. SORTIE STADE DE FRANCE – NUIT (Mercredi 18 Novembre 2009 – 23h55)
En sortant du stade, je retrouve, ému, mon cher Sven.
MOI
Quelle surprise ! Quelle surprise, tu m’as faite !…
Sven me sourit, mais je sens en lui comme une petite gêne…
MOI
T’as fait bon voyage ?!
Et le match ?! Très très moyen, j’ai trouvé.
SVEN
J’y connais pas grand chose, mais t’as surtout injustement provoqué l’élimination de ces pauvres Irlandais ! Comment t’as pas vu que le numéro 12 Bleu jouait au basket ?!
MOI
Ben quoi : au moins j’ai pensé à Tata Lillemor ! C’est quand même ton idée ?!
SVEN
Quoi mon idée ?! Je voulais juste te rappeler qu’aujourd’hui, c’est le 18 novembre : la fête des Lillemor, c’est tout !
A ce moment précis, j’aurais donné n’importe quoi pour me blottir dans les bras de ma douce Olga. Puis j’ai réalisé que les bulles dans mon ventre avaient fini par s’estomper et que cet été, la Coupe du Monde, je la vivrais sans doute moi aussi dans mon salon, ou avec un peu de chance, dans la chambre d'Olga...
P.S. : Vifs remerciements à Annika Panika pour sa documentation suédoise…
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