Cher Sean,
(C’est pas évident à prononcer : « cher Sean ». Remarque, il s’agit d’un blog écrit donc, pas de souci, en fait !)
Et pourtant j’étais vraiment le « client » idéal…
Un jour de blues, un jour où l’on s’inquiète de savoir qui sera la marraine de l’enfant de Carla et de
notre Petit Nicolas et où on préfère encore se réfugier dans une salle obscure. Et justement ton nouveau film vient tout juste de sortir, précédé d’une critique quasi unanime - mais ça, je m’en fous - et d’un bouche à oreille des plus flatteurs, ce qui m’intéresse déjà beaucoup plus…
De toutes façons, Sean, je suis depuis bien longtemps assez fan de toi et de tes films, déjà parce que tu t’es marié avec la Madonna de la grande époque et ça prouve déjà que t’as peur de rien ! Plus cinématographiquement parlant, tu tiens quand même un rôle principal dans cinq de mes films préférés que sont « L’IMPASSE » / B. DE PALMA / 1994, « THE GAME » / D. FINCHER / 1997, « ACCORDS ET DÉSACCORDS » / W. ALLEN / 2000, « 21 GRAMMES » / INARRITU / 2004 », ajouter à cela le sublime « LA LIGNE ROUGE » / T. MALICK / 1999 et la messe est dite ! (Mais n’anticipons pas…)
De plus, comme tu as décidément tous les talents, tes premiers films en tant que réalisateur, étaient loin d’être des « daubes ». (En fait, je n’aime pas utiliser ce terme pour désigner un mauvais film car une « daube », dans la famille du côté de mon père - niçoise donc - est en réalité un terme culinaire désignant une sauce à base de bœuf et de tomates qu’on mange avec des pâtes ou des raviolis frais et donc une « daube » n’est pas « nulle » mais bien merveilleuse au contraire…
Alors mon cher Sean, que t’est-il arrivé exactement ?! Comment toi, le rebelle d’Hollywood, as-tu pu commettre un film aussi académique et moralisateur à tel point qu’on le croirait produit directement par les amis fondamentalistes de ton si peu sympathique président ?!
Concernant ta mise en scène, sûr que tu t’es donné du mal, et comme dans tout film américain, on a l’impression d’en avoir pour notre billet de 10 Euros : Malheureusement, tu es l’un des derniers réalisateurs sur terre à encore tenter de nous éblouir en mettant ta caméra sous les rails d’un train qui passe ou en filmant au ralenti un bellâtre qui prend sa douche parce que les gouttes d’eau qui éclaboussent partout, tu trouves ça vachement beau ! (C’est à peu près du niveau d’une pub Sunsilk des années 70, tu sais quand une gourdasse tourne la tête au ralenti pour faire sa crâneuse et nous montrer ses trop beaux cheveux super longs…)
Autrement, il me semble que tu as réalisé un exploit en filmant la nature pendant près de deux heures sans parvenir à la rendre grandiose et/ou magnifique une seule fois ! (Et ceux qui évoquent « Jérémiah Johnson » à propos de ton film devraient arrêter car si une telle comparaison venait à ses oreilles, le pauvre Sydney Pollack pourrait bien faire une attaque cardiaque !)
Et puis il y a l’acteur principal : alors c’est vrai qu’il est le sosie quasi parfait de Léonardo, ten years en arrière, mais à part ça, il m’a semblé avoir à peu près autant de charisme que Jean-Pierre PERNAUD sur une couverture de « Voici ». (Charitable, je ne mentionne pas plus que ça tes chansons country consternantes, chargées de nous transmettre ton message, au cas où...)
Sur le fond, à partir d’un point de départ sacrément excitant et d’une thématique oh combien d’actualité, et bien on apprendra - in fine - et avec stupeur de la part de ce soit disant rebelle, que le plus important dans la vie, c’est « Dieu », et aussi « d’aimer ses parents » !!! TROP FORT, MAN ! Fais moi penser à en parler au Che…
Bon, c’est vrai que j’ai eu des doutes sérieux sur ce personnage car on peut lutter contre notre société de consommation de m… et ne pas avoir peur pour autant de la bagatelle ! (Car lorsqu’une sublime créature lui propose la botte, Monsieur décline poliment l’invitation et retourne faire ses pompes ! JE RÊVE !)
Les lumières se rallument et j’ai presque la nausée…
A voir l’allure où tes autres victimes mettent leur manteau et courent vers la sortie, nul doute que je ne suis pas le seul à avoir trouver ton film pour le moins indigeste.
Et puis soudain, c’est l’illumination… et je pars alors d’un grand éclat de rire ! « Bon sang ! Mais c’est bien sûr… ». Sean, pardon, j’ai enfin compris : ton film est à voir au second degré… et il est parfaitement hilarant ! Sean, je retire tout ce que j’ai écrit ci-dessus. Ton film est une merveille de comédie absurde ! Tu es trop fort…
Il suffit de prendre un peu de recul, car finalement que raconte ce film : il s’agit juste d’un énergumène qui bassine tout le monde avec son désir de vivre en pleine nature et plus précisément en Alaska.
Ensuite, après avoir un peu galéré pour atteindre son objectif, une fois qu’il y est, qu’il se retrouve complètement paumé en pleine nature ; savez-vous ce qui le transporte de joie à cet écolo à deux dollars ?! Et bien c’est d'HABITER DANS UN BUS…
Oui, vous avez bien lu, c’est la vérité vraie ! (Juré craché, si je mens, je m’engage à écrire pour « Plus
belle la vie » jusqu'à la fin de mes jours !). Ce petit jeune homme propret, ce chantre de l’écologie et de la nature sauvage a traversé une partie des Etats-Unis pour s’en aller crécher dans un autobus, qui, avouons-le, n'a pas vraiment été créé par Dame Nature ! On aura compris que ce film est avant tout un immense et énorme gag à lui tout seul. Alors deux heures vingt-sept pour un seul gag, c'est vrai que ça peut paraître beaucoup, mais ne dit-on pas que "plus c'est long, plus c'est bon " ?! Alors Sean, je te dis chapeau bas et merci pour la leçon…
P.S. : T’inquiètes, Sean, sans rancune…
D’autant que ton film m’aura au moins permis de voir la bande annonce du nouveau Tim Burton intitulé « Sweeney Todd » avec, of course, dans le rôle principal notre Johnny PARADIS bien-aimé : Alors d’après ce qu’on a vu, dès le 19 janvier prochain, on risque de se prendre en pleine tête le côte obscur de l’oncle Tim, et nul doute que je vous en reparle très vite…