Parce qu’elle craint pour ses tickets resto si jamais son rejeton, le Prince Charmant, se case avec sa gonzesse ; une méchante Reine se débarrasse de son « ex futur bru » en l’envoyant faire un tour dans notre monde réel, soit à Manhattan, où la blondasse - qui décidément n’a pas de chance puisqu’elle se prénomme Giselle - risque bien d’être un poil dépaysée…
Après une introduction en animation où DISNEY - producteur du film - se caricature allégrement jusqu’à la nausée, voilà notre jeune princesse, sorte de blonde écervelée et fleur bleue, à l’assaut de notre société, qui, vous le reconnaîtrez, n’a rien d’un conte de fées ! Mais en fait si…
Un sentiment étrange nous habite à la fin de « IL ETAIT UNE FOIS », l’impression d’avoir vu un film à la fois bien et totalement nul, avec une histoire intéressante mais qui nous donne pourtant la nausée. Ce qui fait qu’à la fin de la projection, dépité, je n’ai pu m’empêcher de mordre rageusement le fauteuil de devant, sous le regard surpris d’une spectatrice, qui, charitable, m’a alors tendu la fin de son paquet de pop-corn… Déjà il est frappant de visionner en une semaine deux films qui ont le même ressort dramaturgique (Voir « LE CUL ENTRE DEUX MONDES »), soit le héros ou l’héroïne qui bascule soudain dans un monde totalement étranger. Après le choc du « TITANIC » et notre prise conscience qu’au regard de sa situation écologique catastrophique, la Terre n’était plus q’un vaisseau en train de sombrer ; aurions-nous renoncer pour partir vers un autre monde, désormais seule issue ?! Ce serait un tout petit peu inquiétant mais justement ne nous éloignons pas : ce qui est frappant dans ce film, c’est donc l’alternance horripilante entre l’excellent et le nullisime, le réjouissant et le consternant… Le meilleur : quand Giselle – qui visiblement ignore les Chèques Emploi Service Universel - se met en tête de faire le ménage avec tout plein d’amis animaux, c’est à dire avec ceux qu’on peut trouver dans nos zones urbaines ! Ou, couturière compulsive, lorsqu’elle ne peut d’empêcher, chaque matin, de se faire une nouvelle robe à partir du tissu trouvé dans l’appartement, quelqu'il soit! On notera aussi une formidable scène de comédie musicale dans Central Park, une sorcière (interprétée par Susan SARANDON) si réussie, donc si laide, qu’on a même du mal à la regarder, un Prince Charmant délicieusement niais, sans compter l’interprétation très convaincante de Amy ADAMS dans le rôle de cette jeune princesse au grand cœur.
En revanche le film, DISNEY oblige, se montre insupportable à bien des égards : comme ce personnage d’écureuil, pixelisé à souhait, qui durant tout le film, piaille, chouine, couine, grimace… Si bien qu’à la fin, on paierait pour qu’il meurt écrabouiller sous une benne à ordures ou qu’il se fasse disséquer en biologie par une classe de cinquième ! Il y aussi ce personnage de Morgane, enfant de six ans tellement « cut », qu’elle nous porte sur le système. Oui car j’ai oublié de vous dire que notre Giselle va rencontrer, dès son arrivée dans la Big Apple, un avocat qui vit seul avec sa mioche. Ce mec est d’ailleurs aussi expressif qu’un lavabo et on plaint la pauvre Princesse de s’enticher de cette sorte de Michel DRUCKER jeune (donc vieux !). Mais bon, c’est son problème… En parlant de problème, celui du film est énorme et on le découvre à la fin : LE SUJET N’EST PAS TRAITÉ et ne pouvait pas l’être, au regard de son producteur ! En effet, notre brave écervelée, à aucun moment du film, n’est confrontée à la réalité du 21ième siècle, soit la violence, l’égoïsme, la lutte pour la survie, etc… (J’arrête là les clichés car vous allez vomir ! ) On aurait rêvé de la voir se coltiner notre quotidien: trouver un job, faire sa bouffe, se trouver un mec sur Internet, découvrir le Cybersexe ou les joies du « travailler plus pour gagner plus » ! Mais, et c’est un crime, c’est exactement le contraire que lui offrent les scénaristes : soit un univers fadasse où tout est aseptisé et confortable, bref un univers féérique, en fait ! Car comme justement DISNEY a basé toute sa came sur le mythe du conte de fée, du Prince charmant, « ils se marient et vécurent heureux à tout jamais », etc… ; il n’a pas eu l’audace, je veux dire l’honnêteté, de traiter son sujet, au risque de mettre à mal une idéologie poussiéreuse et rétrograde.
En conclusion, et même si je suis bien obligé d’avouer que ce spectacle familial remplit grosso modo son objectif, je dirais surtout que la machine DISNEY a tout simplement laminé un formidable sujet. Mais elle s'en fout (!), d'autant que le film vient de réaliser un démarrage faramineux au box-office américain…
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