Rien ne va plus pour Rémy, retoucheur de tableau fragile et timide : sa boutique est inondée et sa ravissante femme le quitte brutalement. C’est alors que notre héros, décidément au fond du trou (!), est aspiré par le sol vers un autre Monde, où une tribu, dite primitive, l’attend comme le Messie…
Avec un pitch aussi excitant plus la présence de l’ami Benoît, (et aussi en tête d’affiche une cafetière Ikea, d’ailleurs très convaincante dans le rôle de la cafetière) ; j’étais très impatient de découvrir cette comédie fantastique à gros budget.
« Les deux mondes » est donc une sorte de « Visiteurs » à l’envers : La différence majeure, c’est qu’ici les allers et retours entre le monde contemporain et l’autre monde sont non seulement possibles mais surtout nombreux. Et je me demande si ce n’est là une fausse bonne idée scénaristique car à basculer sans arrêt de l’un à l’autre, aucune des deux intrigues n’est en fait traitée. Ainsi l’histoire auprès de la tribu semble à certains endroits comme accélérée artificiellement et pour tout dire bâclée ! Il est également dommage que les scénaristes n’aient pas cru bon de développer le pourquoi de cette situation, c’est à dire, pourquoi Rémy BASSANO est l’Élu ?! Pourquoi lui ?! Il y a forcément une raison… Rémy aurait d’ailleurs pu se poser la question : ça aurait fait une sous-intrigue formidable !
Enfin et surtout il y a quelque chose de très étrange dans ce film, concernant le traitement du personnage principal : au début, Rémy apparaît fragile, peu ambitieux et a pour particularité de s’excuser tout le temps. Bref, on découvre un personnage tendre, distrait, et surtout attachant, un peu dans la veine des personnages interprétés dans les années 70/80 par Pierre RICHARD. A la fin du film, apparemment transfiguré par ses aventures tribales, Rémy semble avoir désormais un ego surdimensionné comme en témoigne cette scène où il répond vertement à un chauffeur de taxi, certes tatillon, mais qui ne méritait pas pareille humiliation.
En réalité, si l’on examine le traitement du personnage de plus près, le film sous-entend que Rémy était un vrai con au début du film (fragile = con !), pour devenir un mec bien à la fin (grande gueule = mec bien !). Alors que c’est, à mon sens, exactement l’inverse ! Ce qui nous rassemble, ce qui nous unit, ce qui nous touche en tant que spectateur, c’est justement la fragilité du personnage, qui est aussi celle de tout un chacun… Alors bien sûr, toute la dramaturgie est basée sur la transformation du Héros, sur le fait qu’en surmontant les épreuves proposées, il découvre qui il est véritablement. Mais le Héros n’est pas sensé devenir pour autant une sorte de gros bourrin mal élevé ! D’autant plus que le personnage de Rémy possède, en tant que retoucheur de tableau, une fibre artistique, donc une sensibilité reconnue et assumée.
Une trajectoire psychologique du héros peu ou mal construite, qui explique qu’à la fin du film, on ressent une sorte de malaise et l’on se demande un peu ce que l’on vient de voir ! Sans parler de ce retour au bercail final totalement artificiel et convenu, heureusement compensé par la réjouissante apparition du bikini blanc de la splendide Natacha LINDINGER… (Natacha, si tu me lis, je voulais te proposer de t’accompagner à l’Aquaboulevard : je nage super bien le crawl !)
Bref, toutes ces approximations, notamment scénaristiques, ont donc peu à peu mis à mal le magnifique projet initial. C’est triste, d’autant plus qu’il y a quelques scènes très réussies comme celle dans la cuisine avec le chat, la préparation de la guerre à la librairie ou la scène libertine transformée en séance de psychanalyse.
En tous les cas, personnellement, un seul monde me suffit, car je ny comprends déjà pas grand chose… :)
(Et je vous rappelle que suite à mon post de jeudi dernier, vous avez toujours jusqu’à demain minuit pour me faire vos propositions de personnages et d'accessoires.)
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