Dans la tête de P-F BERTRAND

TRUC DE SCÉNARISTE N°8 : SE METTRE SUR LA BONNE FRÉQUENCE

Un scénariste est toujours à la recherche de la performance, du moins des conditions qui vont lui permettre d’être créatif, d’être « dans le flux » et d’y rester. Ainsi, une composante souvent ignorée, à mon avis à tort, est l’ambiance sonore.

Jusqu’à présent, j’ai toujours préféré le silence à la musique. Excepté en 1999 / 2000 où, durant un an, je travaillais à temps plein en duo avec un autre scénariste : nous avions instauré un rituel sonore. Chaque matin, après un petit café et la lecture de la presse, nous mettions systématiquement les 3 mêmes CD, toujours dans le même ordre, les B.O. de La Ligne Rouge, Princesse Mononoké et Gladiator. Et je dois dire que ce fût efficace : au bout de quelques semaines de conditionnement à ces 3 musiques envoûtantes, nos cerveaux, habitués, se mettaient en mode créatif dès que résonnaient les premières notes du merveilleux film de Terence Malick. En dehors de cette expérience particulière, j’ai toujours été incapable d’écrire quoique que ce soit en musique, en chanson encore moins ! (Mon crétin de cerveau, toujours prêt à saisir la moindre occasion de ne pas s’y mettre, s’accroche alors au rythme et/ou au refrain de la chanson et alors là, bonne chance…).

En revanche, je sais que de nombreux auteurs, notamment des romanciers, écrivent UNIQUEMENT en musique. Le plus souvent, ils choisissent une musique en rapport avec le ton, l’émotion du passage en écriture, pour mieux se projeter à l’intérieur. Mais moi, pas du tout ! Le souci est que le silence ne me convainc pas complètement. Il me fait un peu peur, voire me stresse… Ainsi malgré mes nombreuses tentatives d’écrire en bibliothèques (municipales, Beaubourg, Bibliothèque du Cinéma ou de la SACD, etc.), je n’ai jamais sorti UNE SEULE LIGNE ! Incroyable ! Je me sens dans ce type d’endroit comme asphyxié… J’ai toujours attribué cette incapacité chronique au fait que ces bibliothèques sont peuplés d’universitaires qui réfléchissent, donc travaillent tous avec leur cerveau gauche alors que moi, je descends au fond de la mine, seul contre tous avec mon cerveau droit : le match est inégal… Mais je me demande maintenant si le problème ne vient pas plutôt du silence très particulier qui règne dans ces sanctuaires de l’intellect. A contrario, j’aime écrire dans des lieux bruyants comme par exemple, un café, un train ou un métro. Qu’importe du moment qu’il y ait du bruit et que si des gens parlent, je ne puisse suivre leur conversation…

Mais depuis quelque temps, je crois avoir trouvé le compromis idéal, mon truc à moi ! J’écris avec en bruit de fond, la station de radio TSF Jazz. Et je me régale… C’est à dire que je n’ai plus à faire face à ce silence un peu glaçant, au contraire, cette musique toujours bondissante (que j’aime depuis longtemps par ailleurs) m’enlève toute pression. Le jazz étant par essence joyeux, créatif, inattendu, il « glisse » délicieusement à mes oreilles. A l’inverse d’une chanson qui vous accapare, cette musique est une sorte d’invitation permanente à se lâcher, à y aller, à ne plus avoir peur…

En tous les cas, avant même d’allumer mon ordi, mon premier réflexe est désormais de me brancher sur cette radio et je ne suis pas prêt de changer cette bonne habitude. J’ai appris que les chirurgiens, lors des opérations, mettent eux aussi en bruit de fond de la musique, ce qui aide grandement leur concentration : c’est exactement ce que je ressens, avec au bout de mon clavier, toutes les touches comme autant de scalpels, en vue de scénarios magnifiquement ciselés, je m’y emploie en tous cas…

 

P.S. : Petit bémol, même s’il y a relativement peu de pub, entendre une réclame pour Darty ou Groupama entre Lionel Hampton et Nina Simone reste une expérience singulière…

TRUC DE SCÉNARISTE N° 7 : BIEN DÉFINIR LE CADRE

Cette affiche de la jeune chanteuse et compositrice Katie Melua, d’apparence banale, m’a néanmoins interpellé. Katie s’apprête sur cette image à « sortir du cadre », c’est toujours ce qu’on attend de la part d’un(e) artiste. C’est sa fonction même de sortir du cadre attendu, de nous surprendre…

Oui mais je voudrais évoquer ici le cadre du côté de la création, une notion essentielle dans le processus de production artistique en général. Un simple exemple, je sors d’une co-écriture douloureuse et moi qui pensais jusque-là pouvoir écrire « n’importe quoi avec n’importe qui » et bien là, non… Pourtant nous avions réuni l’impeccable trio Auteur / Réalisateur / Producteur + un sujet d’écriture intéressant + le temps nécessaire + un minimum de sous, etc. So what ?! Et bien, il semble que mon partenaire n’ait jamais pu s’exprimer à la mesure de son talent. Je veux dire par là que le cadre a été probablement mal défini et/ou ne lui a pas convenu et donc le pauvre s’est retrouvé coincé, tétanisé, sans force, sans imagination et sans ressources : je lui ai proposé à maintes reprises de changer le cadre, nous avons d’ailleurs essayé mais sans aucune amélioration notable. Résultat : incompréhension, stress, perte du plaisir, frustration, agressivité plus ou moins gérée, etc.

Changer le cadre, c‘est modifier la méthode de travail, changer les rôles, trouver une façon d’avancer où chacun donne le meilleur de lui-même et où l’association de deux cerveaux et leur interaction valide la formule suivante bien connue : 1 +1 = 3… Le cadre, c’est en réalité tout ce qui a un rapport de loin ou de près avec le projet, cela va de la rémunération à la définition de la tâche de chacun, de l’organisation pratique du travail à la durée d’écriture en passant par le lieu de travail ou les délais de paiement. Il est essentiel que chacun des protagonistes se retrouve pleinement dans ce cadre. Ecrire ou co-écrire, ça revient toujours - à un moment ou à un autre - à se mettre à poil devant l’autre. Ecrire, c’est presque toujours impudique, c’est mettre un bout d’inconscient sur le papier et dire à l’autre : « Ben oui, je suis comme ça ! ». Et ça, quand on n’est pas habitué, cela n’a rien de facile ni d’évident.

Le cadre, c’est le harnais de sécurité du sauteur en élastique : demandez donc à un sauteur s’il va prendre du plaisir sachant qu’il n’est pas sûr de son harnais ! C’est pourquoi la définition d’un cadre approprié est si importante, dans le cas contraire, gare à la déconvenue. L’expérience m’a ainsi appris à ne jamais démarrer trop vite un projet, à comprendre qui sont les partenaires et à vérifier soigneusement que le cadre me et leur convient. Ceci fait, tout roule mais cette étape est indispensable…

TRUC DE SCÉNARISTE N°6 : NOURRIR SON INSPIRATION

Il y a quelques mois, l’excellente Nathalie LENOIR proposait sur son fameux blog scénario-buzz un sujet de réflexion des plus pertinents : « comment nourrir son inspiration ?! ». Voici ce que j'avais globalement répondu : 

- Ecrire sur un sujet ou une histoire qui nous passionne vraiment.

- Travailler à heure fixe, par exemple chaque matin ou chaque soir, pour mieux « convoquer » son inspiration.

- Eviter avant l’écriture de se polluer le cerveau par les infos à la radio, la télé ou le net. (Mieux, faire quelques minutes de méditation comme le recommande David Lynch dans son ouvrage « Mon histoire vraie ».)

- Cibler précisément la tâche qu’on est censé accomplir. (On n’écrit pas un film : on écrit un premier jet de synopsis ou on établit la fiche d’un personnage ou on fait une liste d’événements possibles dans une scène, etc.). Se fixer également un objectif dans le temps pour accomplir cette tâche est un plus.

- Toujours savoir si l’on est en phase créative pure : phase feu vert, on se lâche, on ne se juge pas… Ou bien en phase relecture : on ausculte, on critique, on fignole…

- Etre bien sûr en forme physique disons acceptable mais surtout être de bonne humeur. (J’écris mieux si la veille au soir, j’ai dîné avec des amis ou si mon amoureuse n’avait pas envie de s’endormir tout de suite…)

- N’avoir pratiquement que l’écriture comme passion. (C’est étrange mais depuis que je me suis « désintoxiqué » du foot, j’écris mieux et plus vite.)

- Se poser une importante question au sujet de son scénario avant de s’endormir. (C’est souvent durant le sommeil que la partie se gagne…)

- Avoir toujours un carnet sur soi. Oui, TOUJOURS ! (Même quand on va s’acheter une baguette ! Car tel Woody, il n’y rien de mieux qu’un petit trajet pour s’aérer la tête et donc réfléchir à une idée.)

- Si besoin de détendre quelques neurones perclus de rhumatismes, prendre alors une bonne douche bien longue et bien chaude, ne penser qu’au plaisir de l’eau sur la peau et l’idée qui tue arrive même d’avoir saisi la serviette…

- Consacrer un maximum de temps à l’écriture, c’est à dire écrire au moins un peu tous les jours, minimum 6 jours sur 7. (Stephen King écrit 365 jours/an : il nous met à tous la pression, le salopard !)

- Savoir aussi faire une pause lorsqu’on sent qu’on bute, que ça devient laborieux, le temps que l'énergie et le plaisir ne resurgissent…

- Se méfier des vacances.

- Se méfier du café, du coca, bref des excitants, qui dynamisent les pensées « superficielles » mais bloquent l’accès aux idées « profondes ». (Du moins, il me semble…)

- Si vous le sentez, ne pas hésiter à travailler sur plusieurs écritures en même temps, surtout si elles n’ont rien à voir, car étrangement, elles se « parlent » et s’enrichissent mutuellement.(Perso, entre 2 et 4 me semble l’idéal.)

Le plus ironique dans l’histoire est que les meilleurs idées surgissent presque toujours lorsqu’on ne travaille pas : « Va comprendre, Charles !… ».

(Crédit illustration : http://www.planetofsuccess.com/blog/)

TRUC DE SCÉNARISTE N°5 : BRULEZ (PRESQUE TOUS) VOS MANUELS DE SCÉNARIO!

En ce moment, je lis le fameux manuel de scénario de Robert McKee « STORY ». Au début de mes aventures scénaristiques, j’ai bien sûr commencé par dévorer ce type de manuel et je les ai pratiquement tous lus. Avant de m’apercevoir que
- 1 : Ils disent pratiquement tous la même chose… (Logique, les bases de la dramaturgie, ben ce sont les bases de la dramaturgie !)
- 2 : Beaucoup sont à la limite de l’escroquerie puisque au lieu de se mettre à la place du scénariste, de celui qui va au charbon, bref qui crée, ils se contentent de sortir quelques pauvres conseils et autres théories fumeuses à partir de l’étude de films terminés ! Bref, ils font un travail A POSTERIORI ce qui n'aide en rien les scénaristes puisque nous sommes - au contraire - à l’autre bout de la chaîne (au tout début) ! Par exemple, l’une de ces tartes à la crème, ce sont les fameuses « fiches personnages » : Pourquoi pas, en effet ! Sauf que je ne pense pas qu’un personnage vienne en faisant TOUT DE SUITE une fiche mais de façon plus confuse et mystérieuse, à travers différentes premières esquisses de scènes dans lesquelles on va le voir agir. A mon sens, rien n’est plus assommant que de commencer par lister deux cents questions et d’y répondre une par une :
- Alors question une : à quelle heure se lève mon protagoniste ?!
- Question deux : lorsqu’il se brosser les dents, utilise-t-il du fil dentaire ?!
- Etc…

En revanche, McKee, lui, s’intéresse continuellement au processus créatif et j’apprends plein plein de choses… Ca peut aussi être plus anecdotique comme par exemple ceci :
« Le cinéma est un art temporel et non plastique. Les arts proches ne sont pas ceux qui s’expriment sur le mode spatial comme la peinture, la sculpture, l’architecture ou la photographie mais les formes temporelles comme la musique, la danse, la poésie et la chanson. »
Ce fût une petite révélation : je n’avais jamais réalisé que l’art de « l’image en mouvement » était d'abord un art d’abord temporel. Et je comprends mieux mon goût pour la musique, les rimes et les chansons.

A ce propos, je voulais partager avec vous et en exclusivité mondiale cette "délicieuse" petite contine, toute "fraîche" : 

" Maya, Ma-ya pas d’souci
Tu sais, tu es très jolie
Maya, Ma-ya tout à faire
Bonjour, bienv’nue, j’suis ton père…"

Oui, je sais, c’est beau comme du Jacques Brel Gilbert Montagné…

Vous aurez compris qu’une deuxième héroïne vient d'arriver. Cette fois, ça y est, mon "casting" est bouclé !

P.S. : En dehors de « Story », mes ouvrages préférés en matière d’écriture sont : « La Dramaturgie » de Yves Lavandier, idéal pour acquérir les bases, « Mes Secrets d’Ecrivain » par Elizabeth George et « La Sitcom » par Jurgen Wolf pour leur côté tout à fait pratique ; enfin « Écriture » de Stephen King, passionnant de bout en bout, avec un dernier chapitre qui m’a ému aux larmes…

TRUC DE SCÉNARISTE N°4 : SE LÂCHER COMPLÈTEMENT!

S’il y a une petite chose que j’ai cru comprendre, c’est bien celle-là : l’importance de se lâcher ! D’ailleurs, chaque fois que je commence à écrire un nouveau projet, j’ai chevillé dans ma tête une phrase essentielle, une phrase que j’aime à la folie: TOUT EST POSSIBLE ! Là est, je crois, la clé. Je parle bien évidemment ici de la PHASE 1, la plus amusante, la plus facile aussi, celle du gisement d’idées…

Plus vous serez capable de vous surpasser dans « l’impossible », plus vous aurez de chances, plus tard, de décrocher la timbale avec un personnage, un concept de série, une séquence qui laissera votre lecteur puis votre spectateur sur les fesses ! Et c’est quand même ça, le grand trip : ÉTONNER ! S’étonner soi même, étonner le producteur et le réalisateur qui vont lire, étonner le public ! Si lorsque vous ébauchez, vous avez constamment en tête que « Tout est possible », il est presque sûr que vous y parviendrez...

Par exemple, si on demande d'écrire un concept original de série sur le thème du supermarché, voici ce que pourrait sortir dans son premier listing d’idées, un scénariste « timide » :

 

- Une caissière distraite
- Un vol ou plusieurs vols
- Le système d’alarme en panne
- Un directeur tyrannique
- Une erreur de commande
- Les portes coulissantes d’accès au supermarché sont en panne
- Une dame crée une immense queue à une caisse avec ses nombreux tickets de réduction
- Le pot de départ de la responsable des caissières, qui part à la retraite
- Le surveillant, derrière son armée de caméras, s’attarde sur les jolies clientes
- Un couple de retraités se plaint chaque fois qu'il fait ses courses

 

Ci-dessous, un premier listing d’idées d’un scénariste qui s’est « lâché » :
 
- Une boîte de petits pois est en réalité la directrice du magasin mais personne ne le sait
- Un magasin qui ne serait ouvert que 15 minutes par jour
- On n’y vend que des produits de couleur verte
- Les caissières ont toutes les seins nus
- Le supermarché est transformé en terrain de combat, on va y faire ses courses mitraillette en main
- Les caddys sont à moteur
- Le supermarché ne vend QUE des produits périmés
- Le supermarché ne vend QUE des produits aphrodisiaques
- Le vigile est un serial killer qui tue ses victimes en les étouffant dans un sac en plastique du supermarché
- Le supermarché est dirigé par des extra-terrestres qui utilisent ce lieu comme centre d’observation des humains et de leur tendance compulsive d’acheter

On constate que le scénariste timide va, de manière presque instinctive, droit vers les clichés tandis que celui qui s’est lâché ouvre, tout de suite, un maximum de perspectives inédites.
Attention, je ne dis que la boite de petits pois directrice du supermarché ou les caissières aux seins nus seront, à l'arrivée, présents dans votre version finale. Mais en préparant ainsi votre inconscient avec les idées les plus folles, vous lui ouvrez la voie, vous lui donnez les clés pour qu'il vous surprenne, pour qu'il vous guide, à son tour et tout naturellement, vers les idées les plus étonnantes...

TRUC DE SCÉNARISTE N°3 : COMMENCER AVEC LA TÊTE VIDE

Ben oui, c’est tout bête, mais c’est absolument essentiel ! Et pourtant pas mal d’auteurs, même chevronnés, n’y prennent pas garde : Avoir la tête vide, ce n’est pas devenir un IMBÉCILE, mais juste mettre son cerveau dans les meilleurs conditions pour qu’il soit « créatif », réceptif aux idées qui vont bientôt surgir…

Pendant des années, souffrant de l’angoisse de la page blanche, mort de trouille devant mon ordi, je commençais ma journée d’écriture en lisant L’ÉQUIPE ! J’ai fait cette erreur un nombre incalculable de fois. Avec cette - sinistre - pratique, je n’ai jamais réussi à écrire un seul mot ! Pour avoir la tête vide, c’est tout simple, il s’agit, entre le moment où vous vous réveillez et celui où vous vous mettez à écrire, de vous PRÉMUNIR TOTALEMENT DE TOUS MÉDIAS, quels qu’ils soient : ni journaux, ni livres, ni radio, ni télé, ni Internet, RIEN DE RIEN ! Ainsi vierge de toute info, votre cerveau sera alors à même de réaliser au mieux votre travail d’écriture.

Tout le reste, les petites activités quotidiennes, sera au contraire bénéfique à votre écriture, comme par exemple, prendre une douche, préparer le petit déjeuner, amener vos enfants à l’école, etc… En démarrant votre écriture avec votre tête « vide », vous allez voir augmenter votre productivité de manière stupéfiante, je vous le garantis ! Encore mieux, on peut faire, avant d’écrire, un peu de méditation, mais nous en reparlerons…

TRUC DE SCÉNARISTE N°2 : LA MÉTHODE DU MINEUR DE FOND

Lorsque j’évoque mon activité, me vient à l’esprit toujours la même métaphore, celle de la Mine…
Car j’ai vraiment l’impression d’être un mineur ! J’aime aussi cette image car il y a - étrangement - un côté très «physique» dans le fait de se jeter à la recherche d’une histoire. C’est pourquoi auteur et co-auteur sont des activités si radicalement différentes. Même si j’adore être co-auteur et que cette fonction demande beaucoup d’intuition et de doigté, j’ai beaucoup plus de considération pour l’auteur. Tout simplement parce que c’est lui qui courageusement s’y colle, va TOUT AU FOND DE LA MINE chercher les idées, les scènes, les personnages et les rebondissements les plus excitants. Ensuite, le co-auteur, avec bienveillance, honnêteté et rigueur devra aider l’auteur à trier ce qu’il a ramené, à le mettre en forme et en valeur. C’est important, essentiel même, mais contrairement à la fonction d’auteur, ça n’a rien de dangereux ni d’effrayant !

Pour écrire un scénario ou créer un concept, il existe à mon sens quatre phases bien distinctes. (Il peut aussi arriver d’avoir une inspiration soudaine et d’écrire immédiatement un premier jet, quasi parfait, mais ce cas reste - du moins pour moi ! - extrêmement rare.) L’avantage est que la connaissance de ces quatre phases nous donne une sorte de « feuille de route » qui nous permet de toujours savoir où l'on se situe dans le tortueux processus d'écriture d'un scénario.

Phase 1 : Créer un gisement d’idées
A partir des éléments de départ dont nous disposons (même si cela peut être très mince, par exemple : un long métrage qui se passerait à la campagne) ; il s’agit pour l’auteur de stocker une énorme réserve d’idées, d’éléments, d’anecdotes, d’expressions, de jeux de mots, de personnages, d’analogies, de décors, d’actions, d’émotions, de sensations, etc… sans aucune, mais vraiment aucune restriction ! Si cette phase est si excitante, c’est tout simplement qu’elle est - de loin - la plus facile !

Phase 2 : Creuser et descendre tout au fond du gisement 
L’objectif est alors de faire tourner dans sa tête cette multitude d’idées, et de les pousser, les associer, les concasser, les mélanger, les séparer, bref de leur faire subir tous les examens et les « scanners » possibles ! Cette gymnastique intellectuelle qui demande un certain entraînement se fait aussi heureusement aussi à notre insu, lors par exemple de votre nuit de sommeil ou même lors d’une courte sieste. Cette phase est particulièrement délicate, parfois pénible : pourquoi ?! Parce presque toujours, après une période d’euphorie, il y a ce sentiment, cette peur de ne pas y arriver, de ne trouver aucun « diamant » à partir desquels on pourrait bâtir notre histoire. Mais il faudra tenir bon, ne rien lâcher et surmonter le désespoir latent. Car immanquablement, grâce à votre persévérance et à votre enthousiasme, par un beau matin en prenant votre douche, ou au cœur d’une nuit qui vous verra vous réveiller en sursaut ;  le miracle se produit et vous réalisez qu’au fond de votre "seau de mineur", sont rassemblées, même s’il reste à les dégrossir, quelques merveilleux diamants comme autant de clés de votre scénario…

Phase 3 : Extraire les « diamants »
Il s’agira tout simplement d’écrire le premier jet de votre scénario. Lorsque je suis au milieu de cette étape, je sais qu’en gros, sauf accident, c’est gagné ! Un peu comme un cycliste échappé, ayant franchi un col seul en tête et dans la douleur, et qui se retrouve dans la descente avec une avance confortable… Ce sentiment d’être sur le point de triompher est très exaltant, même si l’on est pourtant encore loin de l’arrivée !

Phase 4 : Polir, polir et encore polir 
Pour faire ressortir toute le beauté de votre script, il s’agira bien sûr de le réécrire, réécrire sans cesse, afin d’améliorer le rythme, les tournures de phrases, soigner les dialogues, gagner en efficacité, en profondeur, en humour bien sûr. Là, ce n’est que du travail et de la sueur. Mais c’est indispensable ! Cette phase est probablement la plus longue mais le sentiment de terminer le difficile travail engagé vous donne des ailes !

Pour mettre en pratique cette modeste explication, je vous propose un petit jeu. Je me propose - en utilisant devant vous ces 4 phases - d’écrire sur ce blog, un scénario de comédie de court-métrage entre 5 et 10 minutes pouvant être tourné en région parisienne. Je vous demanderai simplement de bien vouloir me proposer dans les « commentaires » ou dans ma boîte mail :
- Un type de personnage principal (sexe – âge – métier ou qualité ou défaut). EX : Homme – 30 ans – contrebassiste.
- Et aussi un accessoire jouant un rôle essentiel dans le film. EX : un presse-purée.

Et je choisirai deux éléments parmi vos propositions pour écrire mon scénario.
J’attends de vos news avec impatience, alors à très vite !

TRUC DE SCÉNARISTE N°1 : MULTIPLIEZ VOS IDÉES !

J’ai toujours été passionné par tout ce qui touche au phénomène des idées : je me suis ainsi procuré un ouvrage très intéressant intitulé « MULTIPLIEZ VOS IDÉES ».
Le principe de base est à la fois particulièrement simple et ludique : dans le livre, est inclus un très joli jeu de cartes de 7 familles. Chaque carte représente un personnage bien distinct (par exemple le Pirate, le Sage, le Chat, etc…) illustré de différentes façons, à travers un dessin mais aussi une définition, une citation, une question et une suggestion.

Pour donc "multipliez Vos idées", il s’agit simplement de tirer quelques unes de ces cartes et d’écouter ce que chacun des personnages aura à vous transmettre sur la question qui vous préoccupe que ce soit un obstacle d’ordre professionnel, un souci personnel, un défi créatif, etc…

C’est un peu comme si – face à un problème – vous n’étiez plus seul réfléchir mais que vous aviez 36 amis prêts à vous aider ! Plutôt enthousiasmant !
Et il y a un côté extrêmement ludique à tirer au sort ces personnages et à se laisser guider par leur personnalité, leur caractère et leur expérience.

Mais au lieu de discourir, passons à l’action ! Je vais prendre un sujet simple mais qui me tient à coeur actuellement : "Comment augmenter le nombre de visiteurs sur mon blog ?!"
Je vais tirer au sort 5 personnages auxquels je vais demander de me donner immédiatement  au moins deux conseils chacun :

LA GRAND–MERE (Famille « Proches »)
L’essence de ce personnage se traduit par l’attention aux autres et la générosité.

- personnaliser au maximum les invitations à découvrir le blog (et donc éviter de faire des E-Mails groupés pour avertir de l’existence de ce blog mais au contraire de
- Offrir parfois des cadeaux à mes visiteurs.
- Concevoir le site et accueillir tous ceux qui s’y rendent régulièrement comme si l’on formait une véritable famille…

LE SAGE (Famille « Tempéraments »)
Ce personnage incarne avant tout l’intégrité et l’écoute.

- Écouter ce que disent de mon site les visiteurs et l’ajuster en fonction.
- Proposer aux visiteurs intéressés d’écrire un scénario à plusieurs, en direct sur le blog.

L’ÉLÉPHANT (Famille « Animaux »)
Il se caractérise par la force et la puissance.

- Me lancer énergiquement dans une puissante campagne de marketing pour faire connaître mon site. (Et proposer de façon intensive des échanges de liens.)
- Frapper un grand coup (un buzz !) en créant une mini série de fiction à mettre en ligne sur mon blog.

DYONISOS (Famille « Dieux Grecs »)
Il est avant tout un joyeux fêtard, amoureux de la musique et de la vigne.

- Organiser une joyeuse soirée chez moi pour fêter mon 10 millième visiteur ou mon centième article, ou ma première année d’existence sur le net ou les trois !
- Créer l’événement en invitant à déjeuner la centième personne m’ayant laisser un commentaire !
- Mettre une musique d’accueil sur le blog, le rendant ainsi plus attractif.

LE PIRATE (Famille « Métiers »)
Voyageur intrépide, il n’a peur de rien et surtout pas de s’affranchir des règles…

- Contacter sans complexe les producteurs les plus importants et les informer de l’existence de mon blog.
- Faire traduire mon blog en Anglais et lui donner ainsi une audience internationale.

That’s all folks !
Bien sûr toutes ces idées ne sont pas forcément applicables ni judicieuses, mais certaines oui ! Et l’ouvrage explique d’ailleurs également comment faire le tri parmi toutes les idées recueillies.
Même si les cartes (à découper) sont incluses dans le livre, on peut aussi acheter séparément ce « jeu des 7 familles créatives », ce que je vous recommande car le jeu est ainsi beaucoup plus agréable à manipuler et comme le Plaisir est justement le Père de la Créativité… « Et la Mère ?! » me direz-vous : je dirais l’Envie… (C'est beau comme du Frédéric Mitterrand !)

Enfin, un blog est consacré à cet ouvrage : il vous suffit de cliquer LÀ ou ICI ou peut-être LÀ-BAS... (Allez, je vous aide, le lien ne commence pas par la lettre "L":)