Même si je craindrais toute ma vie de voir l’un de mes films figurer un jour sur ce site ( !), j’ai une affection toute particulière pour NANARLAND.COM.
On sait depuis longtemps que la frontière entre le chef-d’oeuvre et le nanar est finalement assez ténue : histoire d’en faire bondir certains mais surtout parce que je le pense, j’ai découvert un jour, grâce à l’un de mes camarades d’écriture, que par exemple la quasi totalité des films d’Eric ROHMER viendront
probablement sous peu rejoindre l’immense cohorte des nanars. Si vous ne me croyez pas, visionnez sans plus tarder « L’arbre, le maire et la médiathèque », « Le beau mariage » ou même « Les nuits de la pleine lune » et je vous parie, à moins que vous ne soyez sous perfusion aux « Cahiers » depuis plus de quinze ans (ça arrive à des gens très bien !) ; qu’une irrépressible envie de pouffer vous saisira le nombril…
Dans l’index de Nanarland, ne serait-il pas réjouissant de découvrir prochainement « Pauline à la plage », coincé entre « Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir et « Piège à Hong-Kong » ?!
Remarquablement documenté, truffé de photos et d’interviews approfondies, Nanarland est une véritable caverne d’Ali Baba pour tout cinéphile curieux à la recherche de quelques films souvent étranges et kitchissimes, parfois délicieux, mais toujours mal-aimés. Ce qui est intéressant, c’est la classification, justement tout à fait pointue, proposé par le site. Car n’est pas nanar qui veut ! Il s’agira ici de « mauvais films », certes, mais « sympathiques » : et c’est là que réside toute la noblesse de l’entreprise.
Car à l’opposé d’un mitraillage en règle de ces œuvres déjà déconsidérées, on sent derrière ces critiques mûries, argumentées et souvent très amusantes, of course un véritable amour des films mais aussi une admiration pour tous ceux qui, envers et contre tout et tous, font du cinéma, quitte à être mis au ban de la société cinématographique. Un statut de paria qui, finalement, ne les fait apparaître que plus courageux et sympathiques.
Une phrase de Tim BURTON m’a d’ailleurs profondément marqué et je la relis chaque fois que je doute de mes capacités et du bien fondé de ma persévérance à oeuvrer dans ce tortueux métier :
« Si j'admire Ed WOOD, c'est parce que je suis un créateur. J'admire tous les créateurs, qu'ils soient peintres, réalisateurs, sculpteurs empilant des carcasses de voitures ou je ne sais quoi d'autre. Peu m'importe si j'aime ou non leur oeuvre. Ce qui compte à mes yeux, c'est qu'il créent alors que les autres ne créent pas. »
Allez, je vous quitte car j’ai subitement comme une irrépressible envie de créer et aussi de faire un joli cadeau de Noël à ma femme, en compressant notre 206…