ATTENTION BIG BIG SPOILER : Ami lecteur qui n’a pas vu ce film cette bouse et qui compte la voir, résiste à la tentation de poser ton regard sur ces lignes sublimes… ;)
Mon week-end s’est mal terminé et c’est la faute de Disney/Pixar… (Il y a d’ailleurs longtemps que je soupçonne les héritiers du merveilleux Walt de soudoyer la critique pour obtenir un peu partout de bons papiers à propos de productions souvent bof bof…)
Le dimanche en fin d’après midi est tout ce qu'il y a de plus sacré ! C’est le moment où, très régulièrement, nous nous installons dans le canapé pour déguster un film familial. Et c’est avec un a priori favorable que nous nous sommes blottis devant cette Rebelle : une affiche et une jeune héroïne séduisantes, une frimousse rousse et espiègle à souhait, le tir à l’arc, bref tout cela me semblait fort prometteur… Malheureusement, ce fût tout à fait ça : ce film reste au stade des promesses, ayant fait le choix étrange de s’écarter complètement des fondamentaux de la dramaturgie. Attention, je ne suis pas un ayatollah de la dramaturgie classique, et j’aime au contraire les films qui bousculent ces lois et qui s’aventurent vers des contrées narratives inexplorées. Maintenant, nous étions là, clairement, devant un « entertainment movie » : le public est d’abord en attente d’un scénario qui va « remplir le contrat »…
Pourtant le premier acte posé est tout à fait satisfaisant : nous découvrons une drôle de famille de seigneurs des Highlands d’Ecosse et surtout une jeune fille, l’impétueuse et sympathique Merida, qui refuse le projet de ses parents, essentiellement celui de sa mère : l'obliger à choisir parmi 3 princes de la région puis l'épouser ! Mais Merida ne veut surtout pas devenir une princesse, déjà parce que tout le chichi et les obligations autour de cette fonction pourtant enviée l’ennuient au plus haut point… Elle, ce qu’elle aime, c’est faire du cheval à donf, grimper au sommet des montagnes et tirer à l’arc ! Bref, elle se positionne clairement comme étant rebelle au projet de ses parents et au regard de ce qu’elle est, elle a bien raison ! Après une présentation rigolote et délirante des différents clans des prétendants et une opposition entre les trois princes remportée magistralement par… la jeune fille (!), celle-ci, après une n-ième dispute avec sa mère, grimpe sur son cheval et s’enfuit du château : fin du premier acte (27ème minute). Situation, intrigue et personnages parfaitement posés : tout va bien, y a plus qu’à…
Et là, l’histoire sort complètement de son chemin, oublie son sujet et son personnage : la cata complète…
Car voilà que notre héroïne suit des feux follets « qui nous guide vers notre destin » (ou plutôt vers un scénario pourri !) et rencontre alors une sorcière bizarre, sculptrice sur bois, qui va lui donner un gâteau enchanté pour transformer sa mère, afin que celle-ci ne l’embête plus avec son stupide projet de mariage…
Ayant goûté le gâteau maléfique, la mère de Merida se transforme en… ours !… Heu… Oui, cher lecteur, je dis bien… en ours… « Mais pourquoi en ours ?! » vous demandez-vous. Je me suis posé la même question car même si « la critique est aisée, bla bla bla… », reste qu’une idée aussi sotte et qui a moins de rapport avec l’histoire, difficile de trouver… Je soupçonne le pur plan marketing du style : une étude a dû spécifier que les 4/8 ans adoraient par dessus tout les ours et il fallait donc coûte que coûte en faire le personnage principal et tant pis si l’on massacre le scénar au passage puisque le Dieu marketing a parlé…
Tout le reste n’a strictement aucun intérêt… (Soit plus d’une heure de film !) : en gros, le père de Merida qui déteste les plantigrades à fourrure va à tout prix essayer de tuer cet ours et la rouquine aura fort à faire pour prouver au gros barbare qu’il s’agit en réalité de son épouse… (Bien sûr, comme d’hab, à la fin, on croit que la mère est morte, mais en fait non ! Camarade scénariste spécialisé dans le film familial, retiens bien la leçon : la maman qu’on croit morte à la fin reste un truc "épatant et imparable" pour émouvoir les petits !…)
Comme un malheur n’arrive jamais seul, finalement les 3 prétendants annoncent qu’ils n’ont, réflexion faite, jamais eu envie d’épouser Merida. Donc toute l’intrigue posée dans le premier acte et qui n’avait pas été développée par la suite, se résout du coup bêtement d’elle même… Tout ça pour ça !
Bref, non seulement aucun développement de l’intrigue mais du coup, le thème, pourtant captivant, de la rébellion n’est pas traité. La morale de l’histoire est d’ailleurs atroce : « En gros, t’as voulu te rebeller mais du coup, t’as transformé ta mère en ours et tu l’as presque tuée, donc t’as failli faire la connerie de ta vie ! Conclusion : ben la prochaine fois, fillette, fais plutôt ce qu’on te dit et épouse un crétin… » Et dire que j’ai montré ce film à Klara et Maya ! Parfois, je me filerais des baffes…
Reste une séquence emblématique de ce naufrage, celle où la mère de Merida, devenue ourse depuis peu, est encore assez malhabile dans la peau de l’animal : alors qu’elle essaie d’attraper des saumons remontant la rivière, les poissons glissent entre ses grosses pattes, telles des savonnettes… Et bien idem pour les auteurs de ce script : l’histoire leur échappe, ils ne parviennent pas à s’en saisir correctement et il en sera bien sûr de même pour nous, pauvres spectateurs égarés aux yeux hagards…
Bon, vivement dimanche prochain qu’on tape dans une valeur sûre, style « Le livre de la jungle », « Ratatouille » ou encore «Princes et Princesses»…