J'attendais énormément du film de Steve McQueen qui avait déjà mis la critique internationale à genoux avec son premier film "HUNGER", paraît-il, très très "couillu"... Et puis l'histoire d'un obsédé sexuel - personnage dans lequel je savais n'avoir aucun mal à me projeter (!) - avait bien sûr tout pour m'exciter.
A l'arrivée, sentiment mitigé, mais c'est de ma faute ! Tentative d'explication : alors oui, le pitch est d'enfer, oui le film est plastiquement réussi, oui les acteurs sont okay (voire plus), oui certaines séquences sont cultissimes (l'interprétation bouleversante de Carey MULLIGAN chantant à sa façon "New-York, New-York"), oui la quête du plaisir sexuel à outrance finit par faire froid dans le dos le bas ventre... Pourtant à l'arrivée, en apparence, le sujet ne tient pas ses promesses. "Une jeune chanteuse dépressive débarque chez son frère et découvre que celui-ci est accroc au sexe." : c'est comme ça qu'on nous a pitché ce film. Au regard de ce mélange des plus sulfureux (lien familial/âpreté de la dépendance sexuelle), on imagine sans mal le scénario déboucher sur bon nombre de situations, de rebondissements, de tensions. Au lieu de ça, le scénariste, bien sûr volontairement, n'exploite pas son sujet... Au sens où, cette découverte n'aura finalement aucune conséquence sur l'un ou l'autre des personnages. Ces deux solitudes (la soeur est dépressive), bien que sous le même toit, ne se rencontrent jamais. Ce qui crée en fait une sorte de frustration pour le spectateur qui, comme moi, s'était un peu fait le film avant de le voir. Evidemment, le fait que ces deux êtres perdus se manquent, ne fait bien sûr que renforcer l'abîme dans lequel ils sont plongés, mais ça on ne le réalise qu'à la fin, voire même bien après le film...
Car ce film, quoique donc un peu frustrant, fait partie de ces oeuvres qui, telles des sortes de bombes à retardement et malgré parfois un manque de plaisir lors de la dite-projection, marquent, restent dans la mémoire. Comme si, à l'issue de la projection, notre cerveau (partie inconsciente) se livrait à tout un travail de maturation durant plusieurs jours, continuant de nous nourrir du film, nous déversant dans la tête et à notre insu, certaines séquences parmi les plus fortes : probablement la marque des grands films...
Bref "SHAME", j'ai pas pris mon pied tout de suite, mais plus tard, oui...