Tout est dans le titre ! Se retrouver brutalement au chômage, pile le premier avril, avouez qu’il faut le faire, à tel point que je n’ai point osé le narrer immédiatement, de peur qu’on croit à un poisson. Hélas, trois fois hélas, ce que je raconte ci-dessus est - à priori - la plus exacte vérité*…
Cette incroyable aventure débuta en septembre dernier lorsque Angela L., la papesse de la télé-réalité de TF1, me contacta logiquement après l’immense succès de ma dernière création : « Qui veut épouser mon fils ?! ».
Oui, je sais, certains lecteurs assidus de ce blog vont peut-être défaillir : comment ça, l’enfant de J. Tati, le fan de Buster Keaton, de Woody Allen, l’admirateur de Sergio Leone, de Tim Burton, de Breaking Bad et Mad Men trempe dans la télé-réalité !?!? Ben oui, j’avoue…
Tout a commencé l’été dernier, lorsque j'ai envoyé à TF1 - ma chaîne préférée - « Qui veut épousé mon fils ?! », un concept innovant de télé-réalité, genre que j’affectionne par dessus tout. A ma grande surprise, Angela L., blonde pétulante, me rappelait dès le lendemain, achetant le concept mais surtout m’offrant le poste envié de directeur artistique / scénariste en chef. Bref, je devenais le véritable showrunner de la « série » ! A ce titre, je peux dire sans forfanterie que ce programme me doit beaucoup : Il est vrai que j’avais sous la main d’excellents « artistes », la plupart sont depuis des amis, notamment Giuseppe, devenu le partenaire de jogging préféré de ma femme…
Bref, après un tel triomphe, Angela me demanda de lui proposer un nouveau concept encore plus puissant. Le défi était énorme mais je me suis acharné à le relever : c’est ainsi qu’est né de mon génial cerveau le prodigieux « Carré ViiiP » ! (J’ai mis trois « i » dans le titre pour illustrer au mieux le concept à travers 3 adjectifs représentatifs de la série : - innovant - irrésistible - istérique…)
Pour cela, j’ai simplement imaginé, encore fallait-il y penser, réunir sous le même toit la crème de la crème de la télé-réalité, cette élite de la vulgarité, de la vénalité et de l’exhibitionnisme avait quelque chose de fascinant, du moins j’en étais convaincu. En bon scénariste, j’ai cru bon d’y ajouter des « apprenti(e)s célébrités », petits insectes serviles, prêts à tout pour atteindre l’identique vide cérébral et la même absence de conscience morale que leurs glorieux aînés, les VIP… Au milieu de tout ça, après avoir relu mon « petit George Lucas illustré », j’ai astucieusement incorporé dans les personnages mon Yoda à moi, bref un Mentor, personnage archétypal de toute bonne production hollywoodienne. Et pour incarner au mieux cette figure clé, à qui pouvais-je rêver sinon au très beau et au très élégant Mickael Vendetta, devenu depuis le parrain de ma fille. (Une star dans la famille, ça ne peut pas faire de mal…). Bref, tout se présentait on ne peut mieux, Angela ne déclarait-elle pas en toute simplicité ici (dernière ligne) : « Carré ViiiP sera une comédie hilarante, entre « Femmes au bord de la crise de nerfs » et « Priscilla, folle du désert ». Certains ont pu s’étonner de ces références cinéphiliques dans la bouche d’une responsable de la télé-réalité. En fait, ma modestie dût-elle en souffrir, la brave Angela s’était en fait contentée de citer là un enthousiasmant passage de ma note d’intention. Bon prince, je la laissai s’approprier mes mots, c’est bien là le privilège des poètes...
Et puis patatras, vous connaissez la suite : l’audience n’est pas au rendez-vous, le programme ne décolle pas, les réunions de crise se succèdent, etc. Pourtant Giuseppe le macho et Cindy la « power girl » qui couchent ensemble dès le deuxième soir, c’était good ! (Encore une magistrale idée de votre serviteur…) Mais rien n’y fait, la tension chez TF1 monte encore d’un cran et Angela n’hésite pas à m’appeler à 4 heures du mat., me sommant de sauver le programme ! Je propose une partouze générale et ininterrompue jusqu’à bout des 8 semaines d'émission restant : Angela est emballée et suite au regrettable refus de Loana, envisage d’entrer elle-même dans le studio désormais voué à la luxure, bien décidée à payer de sa personne afin de faire remonter l’audience. En attendant, on fait livrer de toute urgence force préservatifs à l’abricot et à la menthe, sex toys dernier cri, poppers, etc. Alors que le top départ est sur le point d’être donné aux candidats et que PPDA, en string ficelle, fait le forcing pour intégrer le studio (!) ; TF1 se dégonfle pour une raison absurde, style une orgie à 18 heures, est-ce que ça va véritablement scotcher à son poste la ménagère de moins de 50 ans ?! Excédé par cette frilosité malvenue, j’argumente qu’à défaut de ménagères, un bon nombre de puceaux, de voyeurs et de curieux de tous poils ( !) seraient eux, probablement tout à fait intéressés par un tel programme !
Mais rien n’y fait. TF1 nous lâche. Carré ViiiP s’arrête. J’ai le souffle coupé. Angela, encore en string et porte-jarretelles, me tombe dans les bras, en pleurs, détruite. Reniflant sur le col de ma chemise Alain Figaret, elle parvient une seconde à calmer ses sanglots et me glisse dans un souffle : « Pour une fois, je me demande si on n’a pas visé trop bas… ».
*Les plus attentifs d’entre vous auront remarqué que ce post appartient à la rubrique « Une araignée au plafond ».
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