Décidément il se passe toujours quelque chose dans le métropolitain parisien et je me demande si ce n’est pas l’endroit le plus intéressant pour passer l’été. Après mon improbable rencontre de la semaine dernière, j’ai fait hier une incroyable constatation, toujours sur cette même ligne 9…
Somnolant à moitié malgré le vacarme de la rame, perdu dans les dimensions fractales de mon imagination de scénariste (donc fertile, forcément fertile !), mon regard embrumé tombe soudain sur un bout d’affiche, un personnage qui me sort de la torpeur et me transporte de bonheur ! Quelle surprise de le voir là ! Quelle émotion ! Il s’agit de mon brave Assurancetourix, ficelé bien entendu tel un Cochonou. Je me replonge quelques instants dans mon enfance et le fameux « big four » des BD préférées de toute une génération : Tintin, Lucky Luke, Gaston la Gaffe et bien sûr… Astérix.
Combien d’heures ai-je passé à contempler ce dernier dessin de chacun des albums d’Astérix ?! Soit un somptueux et joyeux banquet, chargé de sangliers fumants tandis que dans un coin de la page, suspendu à un chêne, bâillonné et méticuleusement lié de la tête aux pieds, traîne le gentil mais si peu talentueux barde du village… Avec le recul, et surtout mon expérience de scénariste, je discerne maintenant tout le génie de cette astuce dramaturgique parfaite : finir toutes les histoires avec toujours cette même scène, alliant l’émotion de voir une aventure se terminer au bonheur de quitter les héros désormais si joyeux, plus, telle une friandise, un soupçon d’humour à travers notre barde perpétuellement condamné au silence…
Je sors de mon flashback… Travelling arrière : je quitte mon adorable Assurancetourix pour visualiser dans son ensemble l’affiche en question :
Je reste pétrifié devant une telle honte, une telle bêtise, une telle ignominie ! Non, vous ne rêvez pas : Astérix, Obélix et tous leurs amis sont bien en train de festoyer au Mac Do ! Albert Uderzo, dessinateur légendaire de toute la série et scénariste (rarement inspiré) depuis la disparition de René Goscinny en 1977, a donc permis ce sacrilège sans précédent…
Même au second degré, cette affiche me donne la nausée. Je perds cette fois tout sens de l’humour. Monsieur Uderzo, je vous le dis tout net : vous êtes la honte de notre profession ! Tout simplement parce que, posez leur la question si vous ne me croyez pas, mais les courageux habitants de notre village gaulois préféré ne mangeront jamais au Mac Do! JA-MAIS ! Et ce quelque soit le montant du chèque que vous avez crû bon de recevoir…
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