Hier matin, en sortant de la crèche où je venais d’accompagner mon héroïne, un merveilleux sentiment de joie m’a envahi…
Était-ce parce qu’il faisait beau, parce que j’avais absorbé une vitamine C de trop, parce que mes économies étaient parfaitement à l’abri de tout krach boursier, c’est à dire dans les poches de mes futurs employeurs ; ou parce que dix-sept mois après, je pouvais encore me rappeler ce « moment de patriotisme et de fraternité exceptionnel », le soir de l’élection présidentielle, lorsque Mireille Mathieu a interprété pour notre Petit Nicolas et la France entière, la Marseillaise ?!
Et bien non, rien de tout ça : si j’ai eu cette bouffée de bonheur,
c’est que je me suis dis simplement que scénariste était un métier merveilleux...
Bien sûr, il y a des périodes très dures. Bien sûr, il y a dans ce milieu un nombre considérable d’abruti(e)s, d’incompétent(e)s et de personnes malhonnêtes !
Il y a aussi de vrais passionné(e)s, des «pur(e)s de dur», des gens honnêtes et droits. Mais l’essentiel n’est pas là… L’essentiel, dans cet incroyable boulot, et on n'en parle jamais, c’est qu’on est quand même payé pour «triper», voyager dans sa tête, se défoncer le cerveau, les mots me manquent…
Etre payé pour un shoot, ça reste quand même juste excellent !
Je n’ai pour ainsi dire aucune expérience en matière de trip hallucinogène à base de substance interdite (ou non). D’ailleurs je le regrette presque, mais là n’est pas le sujet. Mais d’après ce que j’en sais, ça reste somme toute proche d’un « shoot d’écriture », ce que l’on ressent quand on cherche une idée, et que tout votre être est plongé dans le sujet : la différence, c’est qu’après, si on a réussi (à trouver une idée ou à pondre un texte), on se sent tellement bien !
C’est pourquoi, quand un producteur ou un réalisateur m’appelle (si, si, ça m’arrive !), pour me proposer de «travailler», j’ai toujours envie de le remercier, car c’est comme s’il me passait un joint… C’est tellement bon ! Du moins au début, car après, si le gars est un gros nul, ne te respecte pas, ne te paye pas ou à un goût de chiottes, et ben c’est que le pétard s’avère mouillé…