Expérience très surprenante réalisée pendant les vacances durant lesquelles je me suis refait « LES CH’TIS ». Salle à peu près pleine et bon enfant, avec un public qui lui aussi revoyait le film. Et là, stupeur : le film m’a paru d’une lourdeur incroyable !!!
Le même film que j’avais - presque - porté aux nues ICI même, alors au deuxième jour de sa sortie parisienne et sans me douter qu’il allait devenir un véritable phénomène de société, a eu bien du mal à me soutirer trois rires ! Même sentiment d’ailleurs pour la salle, qui a globalement ri dix fois moins qu’à Paris : est-ce à dire que les Bretons sont plus rugueux que les Parigots, possible mais ça n’explique pas tout…
Etrange et intéressant constat, que j’ai d’ailleurs un peu de mal à expliquer : j’ai juste le sentiment que
ce n’est pas avec le même cerveau que j’ai revu ce film.
Sans être un spécialiste en sciences cognitives, il me semble que lors de la première projection, surpris et amusé par les situations, même les plus grotesques, je n’ai pas «réfléchi». Je me suis laissé emporté par cette histoire de braves gens qui semblent si heureux d’être ensemble. Le problème, c’est qu’à la deuxième vision, l’émotion n’est plus la même : mon cerveau s’amuse déjà beaucoup moins, car il sait ce qui va se passer, la surprise ne joue plus et du coup, mon cerveau gauche, l’analyste, s’est glissé dans la projection et m’a gâché mon plaisir (ou bien m’a ouvert les yeux !). Et de commencer à réfléchir, à casser mon émotion, et donc mon rire. A la première vision, je m’étais senti comme « absorbé », impressionné et séduit par la volonté (assumée) de faire rire, et donc j’avais ri… Mais six mois plus tard, c’est comme si cette volonté de me faire rire, à coups de personnages outranciers et de scènes frôlant parfois le grotesque, m’avait dérangé.
Ce sentiment ne s’est par exemple jamais produit pour TITANIC, film bouleversant, pas forcément très léger non plus, mais que j’ai visionné à plusieurs reprises, avec à chaque fois, une réelle émotion. La tristesse et la peur seraient-elles des émotions plus « profondes » que le rire : assurément. D’autres me diront que Dany BOON n’est pas James CAMERON, ce qui est difficilement discutable…
Il reste, de toute façon, deux scènes cultes et mon cerveau gauche peut aller se faire voir, même après trois cents visions : je veux parler de l’autoroute à trente à l’heure sur « Le plat pays » de Brel et la découverte du nord et de ses habitants outrageusement grossiers par le personnage de Julie.
Alors si vous aussi, vous avez revu « LES CH’TIS », je serais curieux de savoir si vous avez eu le même sentiment… A très vite.
P-F
P.S. : Mon histoire avec les Ch’tis ne s’arrête pas là puisque pile le jour de mon retour de vacances, une importante agence de pub me proposait d’écrire un projet pour le web en Ch’ti ! Et biloute s’est mis au travail…
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