Il restait pourtant à peine 5 minutes de film. Soudain, devant la naïveté d’une séquence et surtout la maladresse de sa mise en scène (suite à un quiproquo digne de Max PÉCAS, une vieille dame pense que le héros lui a volé son sac à main), je me suis écrié, en un ultime réflexe de survie : « Non, là c’est trop ! ».
Et, furieux, j’ai planté là ma femme sur la canapé du salon.
(Suite à une visite du commissaire de mon quartier sitôt la mise en ligne de ce post, je précise bien que : non, je n’ai pas poignardé ma femme, je l’ai juste laissé en plan).
Pourtant, au quotidien, je ne suis pas spécialement théâtral, mais là, j’avoue que j’y suis allé un peu fort…
Flash back : environ 90 minutes before, une délicieuse soirée s’annonçait…
Nous avions donc décidé de louer « TWO DAYS IN PARIS », la comédie de Julie DELPY sortie l’été dernier
et que j’avais honteusement raté : j’étais très impatient de découvrir ce film, déjà au regard des excellentes critiques qu’il avait suscité et surtout des résultats flatteurs qui avaient été les siens au box-office, ce petit film indépendant avait été en effet la bonne surprise de l’été.
J’étais donc un spectateur bienveillant et même réjoui quand la projection démarra. Au début, je crus à une parodie de Woody ALLEN (période « MANHATTAN »), tant le personnage masculin principal copie les tics, les intonations et même les angoisses de notre cher (et unique !) Woody.
Les minutes passent, les scènes s’enchaînent (mal !), et tout, quasiment tout, me révulse. Je m’accroche à mon canapé, je me dis que le meilleur est à venir, mais non, mon chemin de croix ne fait que commencer, jusqu’à l’incident de la 90ème minute de projection qui a fait l’introduction de ce post.
Alors pourquoi, pourquoi, un tel agacement (grotesque, j’en conviens!) devant ce film ?!
Bien sûr, il serait tentant de ressortir le petit manuel du parfait scénariste et de démontrer, point par point, que les règles les plus basiques de la dramaturgie ne sont pas respectées : absence d’objectif et de réel enjeu, progression dramatique mollassonne, scènes répétitives, humour plaqué, personnages caricaturaux auxquels on ne peut donc pas s’attacher, sans parler de l’absence totale de thématique :
Car que veut dire ce film ?! Qu’est-ce que Mlle Julie a dans le ventre ? Qu’a-t-elle cherché à nous dire ?! Ben on n’en sait fichtre rien…
Mais les bases de la dramaturgie, en fait on s’en fout ! On n’est pas obligé de les respecter pour émerveiller ou émouvoir son spectateur ! En plus, généralement, j’adore les films ratés ! Oui, car celui qui a raté quelque chose aura au moins essayé. Mais là…
Je crois qu’instinctivement et sans vouloir faire mon François TRUFFAUT (période « CAHIERS » où, tout jeune critique, François n’avait pas son pareil pour « tuer » les films et les cinéastes); je pense que comme pas mal de gens, au bout de cinq minutes, je ressens l’ambition du film, le travail, la passion du cinéaste et du scénariste. Quand je vois un film de Tim BURTON, je me dis régulièrement : « Whoua Tim ! Tu as encore mis la barre tellement haut ! Chapeau l’artiste ! Merci à toi et à toute ton équipe ! »
Mais hier soir, tétanisé devant mon écran, je sens tellement un film bâclé, mal fichu, paresseux que c’en est insupportable! C’est un peu comme une insulte à tous ceux qui tâchent de faire des films ! (Et bien sûr aussi, à ceux qui les regardent !). Et l’absence de moyens n’a rien à voir avec le désir de se bouger les fesses et/ou les méninges !
En conclusion, pour m’achever un peu plus, je suis allé relire les critiques dithyrambiques de la presse sur le film et donc le talent de l’attaché de presse laisse rêveur ! Le plus extraordinaire est que ce film a obtenu en 2008 le Grand Prix de la SACD (catégorie « Nouveau Talent Cinéma ») et aussi le Prix Jacques PRÉVERT du scénario, dont le jury est constitué exclusivement de scénaristes professionnels : Comprenne qui pourra…