Je viens de terminer le fameux livre de Peter BISKIND, « Sexe, mensonges et Hollywood », paru en 2004, et je sors de ce livre épuisé, presque K.O. !
Dans un style très journalistique, constitué donc uniquement d’un empilement d’anecdotes et de témoignages, ce livre raconte l’univers du cinéma américain indépendant dans les années 90 ; narrant par le menu et en parallèle l’histoire du « Sundance Institute » de Robert REDFORD ainsi que l’inexorable ascension de Harvey et Bob WEINSTEIN à travers leur société de distribution MIRAMAX. D’abord, je me dois d’avertir le petit cochon qui en vous sommeille (à moins qu’il ne soit parfaitement éveillé) : il n’y a pas, mais pas un poil de sexe dans ce livre ! En revanche, concernant le mensonge… Ce livre glace le sang. Si Bobby REDFORD apparaît à la fois brillant, maladivement perfectionniste et piètre homme d’affaires, le portrait des frères WEINSTEIN et principalement de Harvey, laissera le lecteur sous le choc : pendant près de 500 pages, cette sorte de SHREK pas drôle terrorise tous ceux qu’il croise, principalement les réalisateurs, d’ailleurs souvent parmi les plus intéressants de la décennie. Véritable artiste du harcèlement moral, le quotidien de ce repoussant personnage n’est qu’une succession de menaces verbales et physiques, de crises d’hystéries, de mensonges, de chantages, de trahisons, de manipulations psychologiques et financières : j’ai vraiment faillir vomir sur ma couette !…
Comme tout professionnel, j’ai connu et je connaîtrais malheureusement encore longtemps le harcèlement moral puisque c’est le lot de tous les professionnels (SIC !). L’une de mes expériences les plus frappantes eut lieu au début des années 90 alors que je travaillais pour ARTE, en tant que (jeune) réalisateur pour une soirée thématique. Imposé par un producteur, je m’aperçus très vite que la monteuse de l’émission semblait fort peu apprécier ma venue (car espérant probablement passer réalisatrice). Elle se lança à mon encontre dans une opération de dénigrement sans précédent, racontant à tout le monde que je n’étais pas du tout le réalisateur de l’émission mais seulement le… stagiaire monteur !
Le plus extraordinaire, c’est lorsqu’elle me le signifiait en face, tentant de me persuader de l’usurpation de profession dont j’étais soi-disant l’auteur ! En désespoir de cause, je me rappelle avoir été obligé de lui mettre sous le nez mon contrat, dans lequel était bien sûr précisé noir sur blanc mon statut de réalisateur, sans pour autant d’ailleurs parvenir à raisonner la harpie…
La pression psychologique, les tentatives de déstabilisation, les manipulations de toutes sortes sont donc monnaie courant dans notre beau métier. D’ailleurs, il y a toujours quelque chose d’amusant lorsque je rencontre quelqu’un pour la première fois et que cette personne apprend que je suis scénariste. Car immanquablement, elle me dit :
- Ah ! Vous êtes scénariste ?! Ca doit être sympa…
En entendant cette contre-vérité absolue, je ne peux m’empêcher de sourire, car soyons clair : travailler dans ce milieu est passionnant, difficile, excitant, dangereux, attirant, délicat, captivant, compliqué, exaltant, risqué, merveilleux, stressant, fascinant, épuisant, etc… Mais ça n’a rien, non vraiment rien du tout, de « sympa » !
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